2021
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Abdalaye Sidibe, « Le français, l'arabe et les langues locales en Afrique subsaharienne (le cas du Mali) », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.k7xmg7
Le Mali est un pays africain subsaharien multilingue : 20 langues endogènes et 2 langues exogènes. Au Moyen-Âge, grâce au commerce transsaharien, il s’est ouvert au Maghreb. Cette activité économique a permis des échanges culturels entre les arabo berbères et les subsahariens ainsi que l’émergence des grandes hégémonies impériales dans les territoires du Mali actuel. À l’apogée des relations entre les empereurs ouest-africains et les commerçants maghrébins, l’Islam et la langue arabe furent pacifiquement introduits au Mali et ont connu une évolution durant les empires et royaumes musulmans qui s’y sont succédé jusqu’au 19e siècle.Dans la deuxième moitié du 19e siècle, le pays devint une colonie française ; donnant, ainsi, lieu aux premiers contacts des Maliens avec la langue française. En 1960, le Mali obtint son indépendance. Le français étant la seule langue internationale maitrisée par l’élite à l’écrit aussi bien qu’à l’oral, et capable d’ouvrir le pays sur le monde ; fut choisi comme l’unique langue officielle. Cependant, les autorités maliennes firent voter plusieurs lois en faveur de la valorisation des langues locales ; d’où l’attribution du statut de langue nationale à 13 idiomes endogènes. Par ailleurs, dans le souci de permettre à l’écolier malien de mieux maitriser la langue officielle, les autorités maliennes se sont orientées dans les années 1980 vers un bilinguisme pragmatique. Dans cette perspective, plusieurs expériences d’écoles bilingues français/bambara virent le jour.Parallèlement, les années de l’indépendance malienne, notamment, le régime militaire de Moussa Traoré, fut l’âge d’or de l’arabe dans le pays. Les étudiants étaient envoyés en Égypte pour leur cursus universitaire. Ainsi, le nombre des médersas et associations arabisantes eut augmenté. Les établissements d’enseignement arabo-islamiques ne sont plus gérés par le ministère de l’intérieur mais par celui de l’éducation nationale.Il résulte de cette dynamique sociolinguistique une situation de cohabitation trilingue, notamment dans l’éducation et dans les médias entre : le français (langue officielle) le bambara (langue majoritaire) et l’arabe (langue liturgique). La langue française, en sa qualité de langue officielle, est la plus dominante dans le domaine de l’éducation : du primaire au supérieur, suivie de l’arabe. Quant à la langue majoritaire du pays, le bambara, elle n’est pas assez présente dans la sphère de l’écrit. Cependant, dans les médias, hormis, le média écrit, c’est le bambara, qui, en raison de l’oralité ambiante de la population malienne, domine, suivi par le français et l’arabe. Toutefois, le français, dans les sociétés maliennes, quoiqu’inaccessible à la majorité de la population dans sa pratique linguistique quotidienne, est la langue de prestige. Car c’est la langue de l’écrit, de la réussite sociale et de l’ouverture sur le monde. Le bambara, quant à lui, est réservé à l’oral et au traditionnel. En fin, pour ce qui est de l’arabe, il est au Mali, pour la majorité, une langue liturgique.