Les milices coloniales, la couleur et le jeu local des appartenances urbaines (Amérique espagnole, XVIIIe siècle)

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2022

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Baptiste Bonnefoy, « Les milices coloniales, la couleur et le jeu local des appartenances urbaines (Amérique espagnole, XVIIIe siècle) », Revue d’histoire moderne & contemporaine, ID : 10670/1.kam7pw


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En étudiant la milice comme un espace autonome, l’historiographie américaniste a défini la couleur des hommes comme son unique critère de différenciation sociale et comme un élément distinctif des sociétés urbaines coloniales. Cet article vise à interroger à nouveaux frais les logiques de composition et de recomposition à l’œuvre au sein des milices coloniales. Loin de révéler une stricte ségrégation fondée sur la couleur, le phénotype ou la race, l’analyse multisituée d’une dizaine de milieux urbains invite à se méfier des discours des acteurs, qui ne rendent pas toujours compte des pratiques et des critères de classement ni de l’organisation corporative complexe des villes américaines. La milice – et en son sein la milice de couleur – était un espace de cohésion urbaine et de reproduction sociale qui institutionnalisait des réseaux informels de sociabilité, de solidarité et de clientèle. Comme en Europe, les miliciens des villes coloniales héritaient donc des positions et des dignités occupées dans d’autres espaces sociaux de la ville (paroisses, confréries, métiers). La couleur était centrale, mais elle constituait surtout un recours discursif faisant émerger l’importance cruciale du lieu d’énonciation. En effet, la couleur n’était jamais le seul critère déterminant la position sociale des miliciens. Il s’agissait avant tout d’une manière de dire les hiérarchies, comme la naissance pouvait l’être dans les sociétés européennes à l’époque, avec la même centralité des conventions sociales contraignantes, mais traversées par bien des contradictions et des incohérences, qui conféraient une importance déterminante aux situations spécifiques et aux négociations.

By studying the militia as an autonomous space, the Americanist historiography has defined the color of men as its only criterion of social differentiation and as a distinctive element of colonial urban societies. This article aims to examine in a new way the social implications of recruitment patterns in the colonial militia. Far from revealing a strict segregation based on color, phenotype or race, the multi-site approach of a dozen urban environments invites us to be careful with the discourse of the actors, which does not always take account of classification practices and criteria, nor of the complex corporate organization of American cities. The militia – and within it the militia of color – was a space of urban cohesion and social reproduction that institutionalized informal networks of sociability, solidarity and clientele. As in Europe, the militiamen of the colonial cities thus inherited positions and dignities occupied in other social spaces of the city (parishes, brotherhoods, guilds). Color was central, but above all it was a discursive recourse bringing out the crucial importance of the place of enunciation. Indeed, color was never the only criterion determining the social position of the militiamen. He was mostly a way of saying hierarchies, as the birth could be in European societies at the time, with the same centrality of restrictive social conventions, but crossed by many contradictions and incoherence, which conferred a decisive importance to specific situations and negotiations.

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