Les néologismes psychotiques

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2022

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Nicolas Brémaud, « Les néologismes psychotiques », Perspectives Psy, ID : 10670/1.kb89q1


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Depuis Snell (1852) de très nombreux psychiatres et psychanalystes se sont interrogés sur les néologismes psychotiques. Classiquement ils sont subdivisés en néologismes passifs et en néologismes actifs (Lefèvre, Séglas), suivant en cela un processus « automatique » ou un processus « volontaire ». Le mot inventé, selon Séglas, « dit tout », autrement dit, « dit tout » de la pensée délirante du sujet, comme s’il en venait condenser, synthétiser les éléments, s’imposant dès lors comme une évidence. Aussi le néologisme aurait-il un « poids » suffisant qui permettrait au sujet de s’en contenter et de n’avoir plus rien à expliquer. Au-delà de cette singularité du langage, au-delà du seul aspect sémiologique et de son intérêt pour le diagnostic différentiel, nous verrons que le néologisme s’impose en quelque sorte de l’« extérieur », et s’impose parfois comme une nécessité. C’est dire qu’il ne peut simplement être un « signe » pour le clinicien, et qu’il ne peut endosser le vêtement du déficit. Bien au contraire, cette création, cette invention même, doit bien avoir une fonction pour le sujet. Ce sont des mots ou expressions qui sortent du langage commun, qui se séparent de la langue dite « maternelle », qui doivent être distingués du mot d’esprit, et qui mettent en relief le rapport singulier du sujet à son Autre, qui ont en certains cas (schizophrénie) une fonction de régulation dans le rapport à l’Autre, à la jouissance, et à la pensée même du délirant, dont la réalité, le rapport au monde, pourrait sans ce soutien partir à la dérive.

Since Snell (1852) many psychiatrists and psychoanalysts have questioned about psychotic neologisms. Classically they are subdivided into passive neologisms and active neologisms (Lefevre, Seglas), following in this a process “automatic “ or a “voluntary “ process. The word invented, according to Seglas, “says all”, in other words, says all of the delirious thought of the subject, as if it were condensed the elements, imposing itself therefore as an evidence. So the neologism would have a sufficient “weight” that would allow the subject to be content with it and to have nothing more to explain. Beyond this singularity of language, beyond the mere semiological aspect and its interest in differential diagnosis, we will see that neologism imposes itself as a necessity. This means that it cannot simply be a “sign” for the clinician, and that it cannot wear the “clothing” of the deficit. On the contrary, this creation, this invention, must have a function for the subject. These are words or expressions that go beyond the common language, that separate from the “mother tongue”, that must be distinguished from the spirit word, and that highlight the singular relationship of the subject to his “Other”, which have in some cases (schizophrenia) a function of regulation in relation to the “Other”, to the enjoyment, and to the very thought of the delusional, whose reality, the relation to the world, could without this support drift away.

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