L’impossible intégration des TEK dans la gouvernance des socio-écosystèmes? Diversités et aboutissements des mobilisations de communautés littorales au sein de communs de l’aire culturelle européenne

Résumé Fr

Cette communication interroge l’intégration des TEK (sous leurs diverses acceptions) au sein de l’aire culturelle européenne, prise au sens large, historique, du terme. Sans entrer dans le débat des limites et frontières de cette aire culturelle, l’Europe anthropologique permet cependant d’observer une multitude de cas, d’échelles locales, régionales, voire nationales ou supra-nationales, où des controverses sont engagées concernant les relations Homme-Nature.S’appuyant sur des enquêtes ethnographiques multisites, conduites sur le terrain durant plusieurs années en immersion auprès de certaines communautés littorales d’Europe continentale et insulaire, cette communication souhaite mettre en exergue la place des TEK dans la gouvernance des socio-écosystèmes. Les socio-écosystèmes concernés sont ceux du Terre-Mer, qui font en effet face, aujourd’hui, à un spectre très large de pressions, en même temps qu’ils sont les lieux d’exploitations anciennes des ressources, symbolisées par des usages traditionnels de l’environnement. Ces usages, transmis entre générations, comportent une large part de TEK dans leur perpétuation. Les socio-écosystèmes étudiés, analysés et comparés, peuvent être qualifiés de « communs environnementaux côtiers », au sein desquels se croisent différentes communautés, humaines et non-humaines, tissant des liens au fil des ans. Ces liens se distendent ou se (re)-tendent en fonction de paramètres internes (cosmologiques par exemple, mais aussi écosystémiques locaux), ou externes (colonisation, application d’un cadre réglementaire national ou supranational, changement global, etc.). Face à une vision occidento-centrée (qui transcende aujourd’hui les catégories : scientifiques – western sciences, politiques – néolibéralisme, ontologiques, etc.), de plus en plus de communautés tentent, localement, de se réapproprier la gouvernance de leurs communs, en réussissant, par différents moyens de mobilisations (intégration dans le droit positif national par exemple, reconnaissance grâce à des conventions onusiennes, …) à reprendre parfois la main sur certaines gestions de ressources.Différents gradients de mobilisations, et de (non)-aboutissement sont observables au sein de ces communs côtiers, qui sont présentés, de manière comparée, puis mis en perspective. La communication s’intéresse notamment à la collecte des œufs de vanneaux en Hollande, la chasse aux phoques à Kihnu (Estonie), la chasse aux oiseaux d’eau en Basse-Loire, etc.