22 décembre 2021
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Manon Raffard, « Foetor judaicus : antisémitisme et excrémentiel dans le récit français de la seconde moitié du XIXe siècle », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.kcjlx3
Cette étude examine les relations entre discours antisémite et imaginaire de l’excrémentiel dans un corpus de récits fictionnels français et belges de la seconde moitié du XIXe siècle, comprenant entre autres Manette Salomon (1869) des frères Goncourt, La Marquise de Sade (1887) de Rachilde, Le Désespéré (1887) et Sueur de Sang (1893) de Léon Bloy, et La Fin des Bourgeois (1892) de Camille Lemonnier. Dans ces textes, les romanciers utilisent dans des proportions variées des notations olfactives nauséabondes, souvent liées aux domaines du fécal, du déchet, de la digestion etc., comme autant d’indices de l’appartenance à la communauté juive d’un personnage. La relation entre idéologie antisémite et imaginaire excrémentiel illustre des tensions politiques, sociales, culturelles et économiques complexes, tensions qui influencent directement la manière dont le texte littéraire conçoit à la fois le discours de l’autre et le discours sur l’autre. Le foetor judaicus n’apparaît pas tant comme une caractéristique corporelle des membres de la communauté juive que comme un trait constitutif involontaire et métaphorique du discours antisémite.