Montpellier’s water utility back in public hands: a process of refocusing private management tools

Résumé En Fr

Does the introduction of private sector management tools into public organizations reinforce market logic and undermine other pre-existing logics? We used neo-institutional sociological theory to explore this question through a longitudinal and micro-analytical study of the process of creating a public water utility (“ régie”) in the south of France. The organizational field of urban water is characterized by the strong influence of market logic, which can be explained both by the spread of New Public Management in local public management and by the long-standing presence of private water companies. Other ideal-type logics (State and profession of engineers, which we call “technique”) also coexist within this organizational field. A nine-year (2012-2020) intervention research project has produced rich and original empirical material focused on the process through which governance mechanisms and management tools were designed for the régie. Our results suggest that multiple logics were integrated through this process by “refocusing” private sector-inspired management tools. At a coarse grain level, which means roughly analyzed through their generic category, these private-inspired tools seem to have been chosen by referring to market logic. However, at a fine grain level, which means analyzed in depth through their detailed specifications, the same tools convey other logics, namely those of State and technique. The locally elected official promoting the return to a régie system played a key role in this refocusing process. He pushed to adapt private management tools to embrace logics consistent with his political views. This article highlights a process of sense-making that helps to resolve potential tensions arising out of the coexistence of multiple logics.

L’introduction dans une organisation publique d’outils issus du privé renforce-t-elle nécessairement la logique de marché au détriment des autres logiques préexistantes ? Cette question est explorée au prisme de la sociologie néo institutionnelle par une analyse longitudinale et micro-analytique du processus de création d’une régie des eaux dans le sud de la France. Ce champ de l’eau urbaine se caractérise par une influence marquée de la logique de marché qui s’explique à la fois par la diffusion du Nouveau Management Public dans la gestion publique locale et par la présence ancienne des entreprises privées de l’eau. D’autres logiques idéales-types coexistent (État et profession de l’ingénieur, qualifiée ici de technique). Une recherche-intervention de neuf ans (2012-2020) a permis la constitution d’un matériau empirique riche et original, centré sur la conception des dispositifs de gouvernance et des outils de pilotage de la régie. Les résultats mettent en évidence un processus d’intégration de logiques que nous qualifions de « refocalisation d’un outil de gestion ». À un grain grossier, c’est-à-dire analysés de manière grossière, à travers leur catégorie générique, ces outils inspirés du privé semblent avoir été sélectionnés par référence à la logique de marché. En revanche, à un grain fin, celui des spécifications détaillées, l’analyse révèle que ces mêmes outils véhiculent les logiques de l’État et technique. L’acteur porteur de la création de la régie, un élu local, a joué un rôle essentiel pour refocaliser les outils de gestion du privé sur des logiques conformes à son projet politique. Cet article met donc en lumière un processus de construction d’un sens commun aux acteurs, permettant de lever les éventuelles tensions dues à la coexistence de multiples logiques.