La révolte des tirailleurs sénégalais de Tiaroye : Entre reconstructions mémorielles et histoire

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2006

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Julien Fargettas, « La révolte des tirailleurs sénégalais de Tiaroye : Entre reconstructions mémorielles et histoire », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, ID : 10670/1.keryqa


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Le 1er décembre 1944, une troupe composée de divers éléments des garnisons du Sénégal investit le camp de Tiaroye, à proximité de Dakar, afin d’étouffer la révolte d’un contingent de soldats « indigènes », ex-prisonniers de guerre, récemment rapatriés de métropole. L’opération se solde par un lourd bilan et les autorités relèvent trente-cinq victimes. Cet épisode s’inscrit pour beaucoup aujourd’hui dans le large champ des polémiques ou cicatrices du passé colonial. Les tirailleurs révoltés font figure de victimes et tendent de plus en plus à être présentés comme des précurseurs des futures luttes pour les indépendances. Depuis peu, la sphère politique africaine s’est emparé de ce qui est devenu un symbole, l’exemple le plus significatif de cette accaparement étant la Journée du tirailleur organisée au Sénégal en août 2004 et au cours de laquelle Tiaroye a largement marqué les célébrations. Face à ce foisonnement mémoriel partiel et souvent partial, l’étude de l’histoire des troupes noires de la période laisse entrevoir de nombreux incidents et d’autres révoltes. Là se situe souvent le paradoxe du tirailleur sénégalais, auteur d’incidents en tout genre, mais également « dogue noir de l’empire » et acteur de la répression même de l’insurrection de Tiaroye. Dans ce dernier cas, de manière concomitante aux revendications matérielles liées aux questions de démobilisation, la tragédie repose sur un véritable choc entre une administration coloniale rétrograde et ses représentants, et un groupe de colonisés marqués par la guerre et la civilisation occidentale et qui ne correspond plus à l’image traditionnelle du tirailleur et du colonisé.

December 1st, 1944, a troop of various Senegalese garrisons invested the Tiaroye camp near Dakar to stifle the revolt of a contingent of “indigenous” soldiers, ex-prisoners of war, recently repatriated from mainland France. The operation took a heavy toll, the authorities counting thirty-five dead. This episode is for many people today one of the numerous controversies or wounds left over from the colonial past. The revolting soldiers are considered as victims and now often presented as precursors of future independence fights. African politics has recently taken over what has become a symbol ; the most meaningful example is the Day of the soldiers, organized in Senegal in August, 2004, with many celebrations. Faced with this profusion of memory events that is partial and often one-sided, the study of the black troops’ history of the period points out many incidents and other revolts. This shows the paradox of the Senegalese soldiers, responsible for all types of incidents but also the “empire’s black mastiff” and participant in the repression, even of the Tiaroye insurrection. In this case, concomitantly with the material claims linked to demobilization questions, the tragedy testifies to a real clash between a backward colonial administration and its representatives, and a group of colonized people marked by war and western civilization that does not correspond to the traditional image of the soldiers and the colonized.

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