2013
Cairn
Patrick Faugeras, « « Da vicino nessuno è normale » », Essaim, ID : 10670/1.kg0tm7
Quels qu’auront été les aléas de l’histoire, le psychiatre Franco Basaglia n’aurait probablement en rien souscrit à l’aporie sur le tranchant de laquelle les pratiques psychiatriques ne pouvaient qu’user leurs forces si l’on en croit le philosophe Henry Maldiney. La psychiatrie en effet, écrivait le philosophe, ne pouvait qu’osciller entre « normaliser le pathologique » (il visait assurément ainsi certaines menées antipsychiatriques), et « pathologiser le normal » (il devait alors penser aux expériences sectorielles françaises). Le cheminement du psychiatre Franco Basaglia, dont la pensée et la pratique furent, en France, décriées ou soutenues de façon souvent caricaturale, parce que interprétées à l’aune des enjeux nationaux, pourrait être autrement envisagé, et ainsi certaines apories levées, si l’on prenait pleinement en considération ce qu’il déclarait, peu avant sa mort, dans les conférences brésiliennes : « Faire de la psychiatrie, c’est faire de la politique. » Il ne serait peut-être pas si étrange que cela, alors que cette déclaration fut reçue dès sa profération comme un déni de toute thérapeutique, de l’entendre justement comme ce qui en constitue l’essence et la condition de possibilité.