2007
Cairn
Luc Lévy, « Les Juifs de Lettonie : De l'oubli à la mémoire », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.kgd7ul
Représentant 5 % de la population durant la première période d’indépendance de l’entre-deux-guerres, la communauté juive lettone a indéniablement contribué au XXe siècle à la construction d’un Etat européen moderne. Elle a, en particulier, fortement participé à son développement artistique et intellectuel. La Shoah a porté un coup d’arrêt à cette symbiose, en anéantissant quasiment la totalité de cette population. Celle-ci s’est progressivement reconstituée durant les années d’après-guerre, une «vie» juive plus ouverte qu’ailleurs en URSS s’étant développée en Lettonie soviétique après la déstalinisation. Depuis le recouvrement de l’indépendance, en 1991, cette communauté a retrouvé un certain poids au sein de la société civile, alors que le pays était confronté, sans y être vraiment préparé, à de nouveaux défis et enjeux, liés en particulier à sa réinsertion en Europe : ceux relatifs à des mémoires historiques discordantes à l’Est et à l’Ouest, traitant avec des approches différentes le martyrologe du communisme et les crimes du nazisme. A cet égard, l’ex-Prési-dente, V. Vike-Freiberga, a joué un rôle essentiel pour amener les Lettons à comprendre que leur mémoire de la Shoah est partie intégrante de leur identité nationale et non concurrente de leur mémoire du communisme.