15 décembre 2022
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Histoire
La mer et le désert, l’île et l’oasis, des objets qui entrent a priori assez rarement en relation mutuelle. Pourtant, depuis Hérodote, qui décrit les oasis du désert Libyque comme des « îles des Bienheureux », une connivence a souvent été entrevue entre ces deux entités, et le parallèle s’est prolongé jusqu’aux époques contemporaines. Ce volume rassemble les contributions de spécialistes de toutes les périodes historiques et de disciplines diverses, autour d’un rapprochement à la fois stimulant et porteur d’interrogations. Dans la continuité de l’ouvrage Mer et montagne dans la culture européenne, dirigé par A. Cabantous, J.-L. Chappey, N. Richard et F. Walter et paru aux PUR en 2011, les auteurs mettent en regard mer et désert en s’interrogeant tout d’abord sur le vécu de ces espaces : écrivains et voyageurs ont souvent comparé traversées au long cours et méharées, s’essayant parfois à une théorisation de ce rapprochement. Mais quelle est la portée heuristique d’une telle démarche ? Que peut-elle nous enseigner sur les espaces comparés ? Face à l’indétermination qui caractérise ces aires de marge, on identifie diverses tentatives technologiques et cartographiques, souvent convergentes, de réduire et traverser ces zones grises. En effet, en dépit de leur marginalité, ces espaces sont tissés de réseaux, maillés de ports insulaires ou caravaniers, dans ce qu’on a pu appeler, dans le cadre méditerranéen, la « connectivité » (Horden et Purcell). Enfin, l’actualité récente rappelle leur dimension stratégique sur le plan politique et économique. La problématique de la captation par les États des réseaux structurant ces espaces et des flux économiques qui leur sont propres va de pair avec les politiques de police des mers et des déserts, contre des populations présentées comme des pirates, mais qui n’en sont souvent que d’autres usagers. L’ouvrage vise à articuler des pratiques historiographiques aussi diverses que l’archéologie, l’histoire des migrations et de l’environnement, l’histoire des sciences, la géohistoire ou l’histoire des représentations, autour d’une approche inédite de la mer et du désert, en prise avec des problématiques contemporaines.