2020
Cairn
Côme Bommier et al., « Chapter 7. What symbolic answers to death in the medical world? », Journal international de bioéthique et d'éthique des sciences, ID : 10670/1.khvmjk
Introduction : En menaçant nos vies, la mort devient un enjeu médical tout autant qu’institutionnel. Pour répondre à cette question du sens, l’Homme développe une culture façonnée de symboles qui sont la base de nombreux rites. Des études récentes ont montré un taux important de burnouts et de suicides au sein de la communauté médicale. Avec une approche qualitative, nous avions pour objectif de répondre à la question suivante : est-ce que les docteurs possèdent les moyens symboliques de se défendre personnellement contre l’action dissolvante de la mort ? Méthodes : Nous avons construit un questionnaire, fondé sur les points-clés de l’anthropologie et de la sociologie de la mort, qui fut adressé aux internes de l’hôpital Saint Louis (Paris, France) durant l’hiver 2016-2017. Résultats : Vingt réponses exhaustives furent obtenues. Les jeunes médecins avaient de 25 à 33 ans (55 % hématologues, 35 % oncologues, les autres étaient généralistes ou internistes). Nous mettons en évidence que, pour répondre à la question du sens en présence de la mort, les jeunes praticiens recourent à des attitudes gestuelles répétitives lorsqu’ils sont confrontés à des cadavres, ainsi élaborant le début d’un rituel personnel. Nous démontrons aussi le rôle de l’empathie et de la médecine palliative qui diminuent la douleur du vécu de l’agonie et de la mort. Finalement, nous tissons un lien entre le manque de catharsis collective à l’hôpital et le haut taux de suicide et de dépressions au sein de la communauté hospitalière. Conclusion : En Occident, nous n’avons pas de symbolisme efficace face à la mort en raison du déplacement des rituels funéraires vers des symboles moins métaphysiques. Ce déplacement affecte aussi l’hôpital qui a omis de développer ou protéger des moyens de transcender la mort à une échelle plus collective.