2010
Cairn
Hubert Cochet et al., « Le métayage d'élevage au Mexique. Colonisations foncières et dynamiques d'une institution agraire dans l'histoire contemporaine », Annales de géographie, ID : 10670/1.kimvts
Très répandu avant la révolution, puis largement passé sous silence ou nié pendant le processus de réforme agraire, le métayage s’est à nouveau développé au Mexique à partir des années cinquante, sous une forme renouvelée : le bail à cheptel. Ce nouveau rapport social est devenu caractéristique des fronts pionniers de l’élevage bovin-viande dans une grande partie des régions tropicales, notamment sur la façade atlantique du pays, mieux arrosée et plus propice à la croissance de l’herbe. Contrairement au métayage classique, caractérisé par le monopole exercé sur le foncier par le grand propriétaire, cette forme de métayage d’élevage s’est appuyée sur une inversion du rapport de propriété ( reverse tenancy). Trop faiblement dotés de moyens de production, la majorité des bénéficiaires des programmes de colonisation a en effet été contrainte de faire appel à de grands éleveurs pour se procurer le bétail nécessaire à la mise en valeur des terres qui lui avaient été allouées, contre paiement de la moitié du produit au propriétaire du bétail. La généralisation des baux à cheptel révèle ainsi une certaine continuité dans les rapports de force entre les composantes du monde rural, au-delà de la réforme agraire : la propriété foncière est devenue une composante secondaire de ces rapports, tandis que la maîtrise du capital assied l’hégémonie du propriétaire du cheptel vif.