2022
Sylvie Labarre, « Quelques combats épiques chez les poètes latins tardifs », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.klikk0
L’épique peut prendre bien des formes différentes dans la poésie latine tardive. J’ai choisi de me cantonner au domaine chrétien et d’examiner des extraits de trois épopées d’un type différent : une épopée allégorique, la Psychomachie de Prudence (v. 407-431), une épopée hagiographique, la Vie de saint Martin de Paulin de Périgueux (II, v. 430-475), une épopée biblique, l’Histoire spirituelle d’Avit de Vienne (V, v. 650-703). J’ai retenu des passages de combat, parce qu’ils sont le propre de l’épopée guerrière. Luxuria et Sobrietas, déguisées en héros homériques, s’affrontent en une lutte sanglante. Saint Martin paralyse deux assassins. Dans les eaux de la Mer Rouge, l’armée de Pharaon se noie. Ce ne sont plus deux armées ennemies qui s’affrontent, mais une force supérieure qui triomphe. Florence Goyet a montré dans Penser sans concepts : fonction de l’épopée guerrière que l’épopée guerrière était une « gigantesque machine à penser ». Je m’interroge sur l’idéologie des épopées chrétiennes et sur la notion d’héroïsme. Ces épopées écrites au Ve siècle ne seraient-elles que des exercices qui viseraient à parer du riche manteau de l’épopée antique un catéchisme destiné à des chrétiens cultivés ? Comment examiner ces textes en termes de rupture ? Le récit épique est-il une clé de compréhension ?