L'ordre dans la guerre. Polices et gendarmeries européennes face à la Première Guerre mondiale

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2017

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Jonas Campion et al., « L'ordre dans la guerre. Polices et gendarmeries européennes face à la Première Guerre mondiale », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.km5nrt


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L'histoire de l'Europe dans la Grande Guerre reste à écrire dans sa dimension policière, en dépit de la fréquente invocation de la « contrainte » dans l'historiographie du conflit. Césure par excellence entre XIXè et XXè siècle, la Première Guerre mondiale fait plus que séparer deux périodes ; c'est une profonde vacance historiographique, au niveau national comme européen. À l'échelle de l'Europe, tandis que l'approche comparative et féconde menée par Jonas Campion, confrontant les cas des gendarmeries belge, française et néerlandaise porte sur la sortie de la Seconde Guerre mondiale , le volume dirigé par G. H. Blaney s'intéresse à l'entre-deux-guerres ; portant notamment sur le premier conflit mondial, l'étude récente des justices militaires , quoique essentielle, ne constitue qu'un élément d'un ensemble bien plus large, de même que l'important recueil sur le crime et la violence à l'époque contemporaine . Dans l'histoire française des gendarmeries, les ouvrages se concentrant sur le XIXè siècle s'arrêtent souvent en 1914, quand la grande majorité des travaux sur le XXè siècle s'intéresse surtout à la Seconde Guerre mondiale, et ce n'est que très récemment que des travaux pionniers, ceux d'Olivier Buchbinder sur la gendarmerie prévôtale , de Soazig Delebecque sur la Garde républicaine , de Cécile Blanchemanche sur la gendarmerie en Algérie , d'Isabelle Roy sur l'expédition de Macédoine , et surtout l'étude d'ensemble de Louis-Napoléon Panel , se sont intéressés à cette césure pour elle-même, comme à une période brève mais intense et foncièrement différente de celle qui l'a précédée autant que de celle qui l'a suivie. En dépit de leur apport substantiel, ces recherches ne peuvent épuiser une thématique si riche et complexe, d'autant moins qu'elles ne s'insèrent pas dans le cadre plus général de la pluralité des polices dont l’action conjointe demeure encore rarement envisagée . L'histoire comparée de l'ensemble des polices dans la Première Guerre mondiale reste donc à écrire. De même que l’économie de paix se mue en système productif de guerre, les forces de l’ordre dans leur ensemble doivent s’adapter à de nouvelles conditions, comme le manifeste de façon emblématique Jules Sébille : chef des brigades mobiles avant 1914, il est attaché au généralissime Joffre pendant le conflit puis devient directeur des services généraux de police d’Alsace et de Lorraine pour les réorganiser et les franciser après la victoire. La démarche comparative s'impose non seulement parce que la Première Guerre mondiale a imposé des conditions d'activité comparables aux pays européens belligérants et dans une certaine mesure, aussi aux neutres, mais également parce que les similarités entre leurs systèmes policiers étaient grandes, en raison de la circulation et de l’adaptation du modèle français de gendarmerie, qui se retrouve notamment en Allemagne, en Belgique ou en Italie, mais également du fait que les forces de police tendent à s’observer, s’hybrider et s’influencer les unes les autres par le biais de « circulations policières » récemment étudiées sous la direction de Catherine Denys . L'approche comparée, large, dans une perspective européenne, destinée à établir des caractéristiques transnationales, ne peut atteindre sa fin qu'en restant soucieuse des singularités, qui existent entre plusieurs pays (ainsi, alors que les prévôtaux sont issus de la gendarmerie en France, en Belgique et en Allemagne, ils constituent une force autonome au Royaume-Uni, celle de la Royal Military Police), mais également en un même État, par exemple au sein même de la gendarmerie française, entre gendarmeries départementale, prévôtale, maritime, Garde républicaine, dont les corps et les conditions d'emploi au sein de la guerre diffèrent. En outre, l'examen des polices et des gendarmeries européennes ne doit pas limiter le regard à la seule Europe : le conflit est mondial, comme le sont certaines puissances belligérantes, dotées d'empires coloniaux, sur lesquels le conflit retentit d'une manière ou d'une autre – cette incorporation de l'espace colonial est d'autant plus intéressante qu'elle correspond à l'essor des études sur les polices coloniales dans les historiographies européennes dont Sven Schepp témoigne pour la partie allemande avec la police territoriale en Afrique allemande du Sud-Ouest . Enfin, à ce cadre géographique large, destiné à prendre toute la dimension du conflit, correspond un cadre temporel de même ambition : on s'intéressera non seulement aux polices et aux gendarmeries lors du conflit lui-même, mais on inclura également sa préparation et surtout ses suites, car la Grande Guerre ne s'est pas arrêtée brutalement en 1918 avec l'armistice : il importe donc d'étudier non seulement la mémoire de l'action des polices et des gendarmeries dans le conflit, mais également de les voir face aux démobilisations, à l'éventuelle hausse de la violence , aux transformations sociales et politiques, au redécoupage des frontières, aux mouvements de protestation ou de révolution de l'immédiat après-guerre, à l'application du traité de Versailles en Allemagne comme au Levant ou dans les colonies, aux opérations militaires illégales comme à Fiume ou à Memel. Ce colloque veut ouvrir de nouvelles perspectives plutôt que d'apporter des réponses complètes et définitives sur un champ historiographique particulièrement vaste, complexe, nouveau. Parmi les axes de réflexion sur ce thème, on pourra se demander : en quoi la guerre changea-t-elle l’organisation, l'activité et les priorités policières ? Quelle fut la part prise par les policiers et les gendarmes européens ex officio, comme les carabiniers italiens , ou individuellement, comme de nombreux gendarmes français, aux combats de la Première Guerre mondiale ? Quelle part polices et gendarmeries prirent-elles aux désordres, aux contestations (ainsi de la grève de la police au Royaume-Uni ) ou aux crimes de la période (participation au génocide arménien ) ? Dans quelle mesure gendarmes et policiers furent-ils plus militarisés à la fin du conflit, comme le suggère l'exemple des carabiniers italiens ? Jusqu'à quel point la guerre, par les contacts entre alliés ou entre occupants et occupés, favorisa-t-elle les circulations policières ? En quoi la guerre fut-elle un accélérateur des tendances à l'œuvre avant-guerre, ou, au contraire, les contraria-t-elle ?

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