1998
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Louis Rulleau, « Évolution et systématique des Phylloceratidae et des Lytoceratidae du Toarcien et du Dogger inférieur de la région lyonnaise », Travaux et Documents des Laboratoires de Géologie de Lyon, ID : 10670/1.kow32u
Les Phylloceratidae et les Lytoceratidae restent des groupes réputés difficiles et peu étudiés. La classification des premiers est en cours de révision par B. Joly ; quant aux seconds, les données dont nous disposons sont rares et dispersées, en particulier en ce qui concerne les faunes du Lias supérieur nord-ouest européen. Un matériel abondant et bien repéré stratigraphiquement, a été recueilli dans la région lyonnaise, à la faveur de l'exploitation par Lafarge ciments, de grandes carrières à Belmont (Beaujolais méridional), ainsi que dans les anciennes mines de fer de La Verpillière (Isère). L'étude de ce matériel a permis de situer avec précision dans la série stratigraphique les nombreux spécimens conservés dans les collections de l'Université Claude Bernard et du Museum de Lyon. Il a également été possible de revoir entièrement la systématique et la phylogénèse des Lytoceratidae du Lias supérieur et du Dogger inférieur. Deux espèces nouvelles de Phylloceratidae sont proposées : Partschiceras igoleni et Calliphylloceras charnayense. Le genre Lytoceras s.l. admet également des formes nouvelles : L. verpillierense, L. toarcense, L. verdunense et L. (Trachylytoceras) evolutum. Dans le genre Perilytoceras Rulleau 1997, créé pour les formes proches de l'Ammonites jurensis Zieten, P. belmontense est aussi une nouvelle espèce. Parmi les Alocolytoceratinae, de nombreuses espèces sont réunies dans le groupe de l'Ammonites germaini d'Orb. Le genre Pachylytoceras a été redéfini à partir de la structure des tours internes. L'existence d'un dimorphisme à l'intérieur de plusieurs genres est clairement prouvée. Cette étude montre également l'identité de la faune de la région lyonnaise avec celle d'autres régions de la province nord-ouest européenne : Normandie, Poitou, Angleterre, Allemagne... Cette faune diffère par contre profondément de celle que l'on peut recueillir dans les régions méditerranéennes, Italie ou Afrique du Nord par exemple, où les Alocolytoceratinae s.s. sont totalement absents et les Lytoceratinae représentés par d'autres espèces. Il devient tout aussi évident que Lytoceratinae et Phylloceratidae d'une part et Alocolytoceratinae d'autre part ne vivaient pas dans un même milieu. Alors que les premiers sont recueillis dans des dépôts à prédominance argileuse, indice d'un milieu calme et légèrement subsident, les seconds se trouvent dans des dépôts plus carbonatés, fréquemment perturbés, qui indiquent un milieu plus agité. Le faible nombre de Phylloceratidae et leur répartition très fractionnée ne permettent pas d'établir de lignées phylétiques fiables, ce qui a par contre été possible avec les Lytoceratidae, pour lesquels une phylogénèse cohérente peut être proposée depuis le Domérien jusqu'au Bajocien.