13 août 2022
info:eu-repo/semantics/openAccess
Salvan-Renucci Françoise, « « ma sorcière a trempé / ses doigts dans le sang chaud » : « sirènes », « stryges » et « prédatrices » dans le discours poétique des chansons de H.F. Thiéfaine », Loxias, ID : 10670/1.kpm7na
De la « machine » que son partenaire invite à « me déchirer / m’arracher la chair & les os » aux « femmes-oiseaux » dédiant leur danse « à la mémoire d’amants noyés dans leurs arcanes », la qualité de « prédatrices » ou de « sorcières » est régulièrement dévolue aux incarnations du féminin dans le discours poétique de H.F. Thiéfaine. L’exploration constamment renouvelée de l’archétype mélusinien ainsi que de ses préfigurations mythologiques (tant classiques qu’extra-européennes) débouche sur la formulation des lois d’une « alchimie romantique » postulant par la bouche de la femme « qu’il faut séduire / pour mieux détruire ». En tant que cible et objet du déferlement dionysiaque appelé de ses vœux par la figure féminine, le partenaire masculin prêt à « jouer les victimes » ou à « s’annuler » peut aussi entrer de façon active dans la dynamique de déchirement propre aux « bacchanales ». S’instaure ainsi un règne des « corps écorchés » ou « écartelés » où le « nouveau festin de nos chairs androgynes » fait fusionner dans une même « annihilation » les volontés symétriques et opposées aspirant à une destruction réciproque. En témoigne « en hurlant au cœur de ma cible » la substitution du cri à la voix articulée telle qu’elle s’accomplit dans une indifférenciation énigmatique, rendant définitivement caduque la question de son attribution à la porteuse et/ou au porteur de l’élan « mortifère ».