22 août 2020
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1718-5556
https://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Alexandre Sumpf, « Une « drôle de guerre » à l’écran : Khalkhin Gol », Conserveries mémorielles, ID : 10670/1.kpr90o
Tourné en 1939 sur place et monté à Moscou par le réalisateur de documentaires Ilya Kopalin, Khalkhin Gol relate les hauts faits de l’Armée rouge et de son commandant le général Joukov dans la lutte en Mongolie contre l’ennemi japonais. Le film frappe par son hybridité qui tient à ses multiples objectifs de diffusion. Il entend d’abord mobiliser le grand public avec le récit d’une victoire absolue et l’exaltation du soldat rouge par une chanson écrite pour le film, tout en servant de manuel tactique pour les cadres des unités, blindées en particulier. Le film doit aussi plaider auprès des autorités suprêmes la cause d’un état-major très lourdement frappé par la Grande Terreur. Enfin, il doit faire la démonstration pour l’étranger du degré de préparation de l’Armée rouge et vanter l’apport des Soviétiques dans l’économie et le progrès humain locaux, tout en prétendant que la puissance ne se destine qu’à une guerre défensive. Sous l’apparence trompeuse d’un récit linéaire se cache donc une mécanique complexe qui utilise toutes les armes développées par la propagande cinématographique soviétique des deux décennies précédentes – en vain, semble-t-il, puisque le film reste finalement « sur l’étagère », jugé inopportun en 1940 alors que s’installe la « drôle de paix » à l’Est.