15 juin 2013
info:eu-repo/semantics/openAccess
Ballestra-Puech Sylvie, « « Fragment de la nature des choses » et « inachèvement perpétuel » : l’écriture du monde selon Francis Ponge », Loxias, ID : 10670/1.kr6qe7
Cet article tente de dégager des écrits de Ponge une poétique du fragment et de montrer en quoi celle-ci est liée à l’épicurisme qu’il revendique. Éprouvée au moment du « drame de l’expression » comme une menace, la fragmentation est ensuite choisie et assumée comme seul mode possible d’écriture du monde, en accord avec les lois de la combinaison atomique qui le régissent. Les métaphores récurrentes des écorces et des peaux montrent que le texte est perçu comme un fragment organiquement lié à celui qui l’a produit, tandis que la double signification du latin truncus, qui désigne à la fois le tronc et le tronçon, permet à Ponge de développer le paradoxe du « fragment intégral », selon la formulation de Gérard Farasse. Si la physique épicurienne explique que tout objet du monde offre un échantillon de sa texture, la poétique pongienne du fragment se pense aussi comme « pratique augurale », c’est-à-dire comme délimitation d’un fragment d’espace et valorisation de l’instant présent. En cela, elle peut rencontrer la conception barthésienne de l’écriture comme satori.