Du « contre nature » aux valeurs interpersonnelles : une évolution inachevée de la théologie de la sexualité

Résumé Fr En

L’article cherche à répondre à certaines demandes formulées par les recommandations 10 et 11 du rapport de la CIASE, notamment celle de ne pas privilégier la matière de l’acte à l’évaluation de la responsabilité personnelle, et celle de favoriser la réflexion doctrinale pour ne pas séparer doctrine sur la sexualité et doctrine sociale. L’article soutient que l’évolution de la théologie de la sexualité amorcée par le « tournant personnaliste » de la théologie morale dès avant Vatican II reste inachevée. Il pointe ainsi la permanence des héritages stoïciens et aristotéliciens du « contre nature » assimilé à la sacralité d’un « ordre naturel », et invite à son dépassement. Il insiste enfin sur l’écoute de l’expérience des chrétiens et sur l’élaboration d’une nouvelle pédagogie de la sexualité.

The article seeks to respond to some of the questions raised by recommendations 10 and 11 of the CIASE report, notably that of not privileging the subject of the act over the evaluation of personal responsibility and that of encouraging doctrinal reflection so as not to separate doctrine on sexuality from social doctrine. The article argues that the evolution of the theology of sexuality initiated by the “personalist turn” in moral theology before Vatican II remains unfinished. It points out the permanence of the Stoic and Aristotelian legacies of “unnaturalness” assimilated to the sacredness of a “natural order”, and it invites us to overcome these legacies. Finally, the article insists on listening to the experience of Christians and on developing a new pedagogy of sexuality.