Raisons de la littérature. Quatrevingt-treize de Victor Hugo

Résumé Fr En

Comment penser la Révolution française? À cette question qui se posa dès le temps de cet événement et qui l’obséda lui-même, Hugo apporte une réponse assez tardive et de l’ordre de la littérature. Après la défaite de 1870 et la Commune de 1871, il peut enfin aller en imagination à la source de la Révolution. Il crée les personnages et les circonstances qui non pas expliquent mais exposent le lien mystérieux noué en 93 et renoué en 71 : la faute de Cimourdain qui, manquant le geste d’humanité qui aurait achevé la Révolution, fait que celle-ci revient, et reviendra tant que ce geste n’aura pas été réalisé par un héros. Cet exemple montrera un nouage particulier de la littérature et de la philosophie (la philosophie de l’histoire et de l’action, et la métaphysique du mal) et il permettra de comprendre comment – autour d’un problème et à l’intérieur même de l’œuvre littéraire – s’élaborent les raisons de la littérature.

How is the French Revolution to be apprehended? To this question, which arose simultaneously with the event proper, and which obsessed him, Hugo gave a rather late answer, one that was specifically literary. After the defeat of 1870 and the Commune of 1871, he felt he could at last travel back in imagination to the source of the Revolution. He created characters and circumstances that do not so much explain as lay bare the mysterious knot first tied in 93, and tied again in 71: it is Cimourdain’s mistake in failing to make the essentially human gesture that would have brought the Revolution to an end that causes the latter to recur, and it will recur again as long as this very gesture has not been accomplished by a hero. The present study aims at showing pragmatically how literature and philosophy (the philosophy of history and action, and the metaphysics of evil) are apt to tie up certain reasons round a problem, through the very workings of a literary work.