Psychopathologie et narrativité dans l'obésité infantile

Fiche du document

Date

2009

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Cairn.info

Organisation

Cairn

Licence

Cairn


Résumé Fr En

PSYCHOPATHOLOGIE ET NARRATIVITé DANS L’OBéSITé INFANTILE L’étude de la psychopathologie des enfants obèses produit des données partielles qui ne peuvent, à elles seules, déterminer l’étiologie de l’obésité. Ainsi, en clinique, il y a une nécessité absolue de ne pas disjoindre l’abord psychopathologique des abords culturels, sociaux et biologiques pour appréhender le trouble dans sa globalité. En premier lieu, les apports des théories cognitivo-comportementales sont examinés : la théorie de l’externalité stipule que les enfants obèses sont plus sensibles aux stimuli externes qu’aux stimuli internes (faim, satiété...). La théorie de la restriction alimentaire consciente relie cette externalité à un état de privation alimentaire chronique. En second lieu, les apports psychanalytiques sont examinés : chez le nourrisson, la notion d’oralité est centrale dans les premiers temps de la vie psychique, étant donné qu’elle condense les notions de besoin alimentaire, de plaisir auto-érotique et de relation à l’objet dans les travaux de S. Freud. La notion d’oralité permet également de théoriser la différenciation du Moi et de l’objet pour K. Abraham, M. Klein et D. W. Winnicott. Chez l’enfant, le surinvestissement de l’oralité peut favoriser un déséquilibre de la balance énergétique (apports alimentaires supérieurs aux dépenses énergétiques), que ce soit suite à un mouvement régressif face au désir œdipien ou bien suite à une défense narcissique de l’image de soi. Enfin, de nombreux travaux relient les expériences alimentaires précoces des enfants obèses à une hypothèse psychosomatique : une surproposition alimentaire pourrait rentrer en synergie avec l’incapacité du bébé à discriminer ses stimuli internes pour finalement priver l’enfant de la constitution des expériences de faim et de satiété. L’alexithymie, fréquemment décrite dans les pathologies psychosomatiques, pourrait être liée à un développement anormal de la narrativité. Des résultats récents sur la narrativité de 23 enfants obèses de 3 à 6 ans sont discutés à ce propos. Au final, l’étude des interactions alimentaires précoces basée sur le modèle développé par S. Lebovici semble être une voie d’abord privilégiée dans la réflexion sur la psychopathologie de l’obésité infantile.

PSYCHOPATHOLOGY AND NARRATIVITY IN CHILD OBESITY The study of the psychopathology of obese children offers only partial data which cannot wholly account for the etiology of child obesity. In clinical work, it is imperative for us not to separate the psychopathological approach from cultural, social and biological approaches in order to achieve a global understanding of the issue. First, we will examine the contribution of cognitive behavioral theories. According to the externality hypothesis, obese children are more sensitive to external stimuli than to internal ones (hunger, satiety...). On the other hand, the conscious food restraint theory states that there is a link between that externality and chronic food deprivation. Second, we will examine the contribution of psychoanalytical theories. For infants, orality is predominant during the first stages of psychic life, given that it condenses various notions such as the need for food, autoerotic pleasure and object relations in the works of S. Freud. The notion of orality also enables K. Abraham, M. Klein and D. W. Winnicott to theorise the differentiation between ego and object. In children, an excessive cathexis of orality can precipitate a rupture of the energetic balance – food intake is superior to energy output – whether it follows a regressive movement in reaction to oedipal desires or a narcissistic defence of self image. Finally, numerous works link the early food experiences of obese children to a psychosomatic hypothesis : a constant offer of too much food might have a synergistic echo with the baby’s inability to discriminate his own internal stimuli. As a result, he will be deprived of the ability to have his own personal experiences of hunger and satiety. Alexithymia, frequently described in psychosomatic pathologies, could be connected to an abnormal development of narrativity. As regards this subject, we will discuss recent results about narrativity among 23 obese children between 3 and 6 years of age. The study of early food experiences based on the model developed by S. Lebovici seems to be a fruitful approach for future research concerning the psychopathology of child obesity.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en