The narration of origins in the "Estoria de España" of Alfonso X the Wise (1252-1284) Le récit des origines dans la « Estoria de España » d'Alphonse X le Sage (1252-1284) En Fr

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23 octobre 2019

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Soizic Escurignan, « Le récit des origines dans la « Estoria de España » d'Alphonse X le Sage (1252-1284) », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.kvvjju


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Résumé En Fr

The Estoria de España was written under the aegis of Alfonso X the Wise, king of Castile and León (1252-1284). The chronicle traces the history of Spain and specifically of Castile, from the origins to the thirteenth century. Although many renowned researchers have studied the Estoria, all these works, which are also indispensable, propose only a partial vision of the chronicle. No comprehensive study has been devoted to the narration from origins to Pelagius, even though it seems to us that the story of the origins plays a fundamental role in the Estoria. The first 565 chapters cannot be considered as a simple preliminary without any political connotation. The analysis of the various episodes, the numerous portraits, the mythical structures, as well as the methods of writing present in the narrative allowed us to unearth the links, between this chronicle and the alfonsine ideal. We have highlighted the particular processes used by the Wise King to build the great age and prestige of Spain, the only qualities capable of founding legitimacy. Alfonso X stands out both from his European neighbors – who founded their antiquity on the Trojan myth – and from his peninsular sources – focused on Visigothic origins – and slides towards what we have called a non-exclusive neo-Gothicism, tinged with neo-Romanism. Henceforth it is no longer so much of a real lineage that the Wise King can claim, but of a symbolic, political, sapiential and spiritual lineage. He establishes a two-level continuity, a continuity inscribed in the long time, the translatio imperii, and a direct continuity between each founder, each exemplary king and himself. This incessant transfer of power through time allows the ruler to legitimize his way of exercising power. The chronicle thus claims a role of pastor and vicar for the king who does not need the intercession or the tutelage of the Church. As for the nobility, it is in some ways erased from the chronicle. The nobles are placed in a relationship of dependence concerning the king. Every complication, every disappointment met by Alfonso X in reality seems to find their answer in the chronicle. Skilfully mingling biblical, ancient and medieval structures and topics, the sovereign develops a myth of national creation and celebrates a common territory and past, guarantors of Hispanic identity. The story of origins is therefore programmatic, and more than that, performative. It is a total project, at once royal, societal and national.

La Estoria de España a été rédigée sous l’égide du roi Alphonse X le Sage, roi de Castille et du León (1252-1284). Elle retrace l'histoire de l'Espagne et plus spécifiquement de la Castille, des origines jusqu'au XIIIe siècle. Si beaucoup de chercheurs de renom ont étudié la Estoria, tous ces travaux, par ailleurs indispensables, ne proposent qu’une vision partielle de la chronique. Aucune étude d’ensemble n’a été consacrée au récit des origines jusqu’à Pelayo, alors qu’il nous semble que ce récit occupe justement un rôle fondamental dans la Estoria. Les 565 premiers chapitres ne peuvent être considérés comme un simple préliminaire sans aucune connotation politique. L’analyse des différents épisodes, des nombreux portraits, des structures mythiques, ainsi que des procédés d’écriture présents dans le récit nous ont permis de mettre au jour les liens entre la Estoria et l’idéal alphonsin.Nous avons ainsi mis en lumière les procédés utilisés par le Roi Sage pour construire l’ancienneté et le prestige de l’Espagne, seules qualités aptes à fonder la légitimité. Alphonse X se démarque à la fois de ses voisins européens – qui ont fondé leur ancienneté sur le mythe troyen – et de ses sources péninsulaires – focalisées sur des origines wisigothiques – et glisse vers ce que nous appelons un néo-gothicisme non exclusif, teinté de néo-romanisme. Désormais ce n’est plus tant d’une lignée réelle que le Roi Sage se prévaut, mais d’une lignée symbolique, politique, sapientielle et spirituelle. Il établit une continuité à deux niveaux, une continuité inscrite dans le temps long, la translatio imperii, et une continuité directe entre chaque fondateur, chaque roi exemplaire et lui-même. Ce transfert de puissance incessant permet au souverain de légitimer sa façon d’exercer le pouvoir. La chronique revendique ainsi un rôle de pasteur et de vicaire pour le roi qui n’a nul besoin de l’intercession ou de la tutelle de l’Église. Quant à la noblesse, elle est comme effacée de la chronique et placée dans une relation de dépendance vis-à-vis du roi. Chaque complication, chaque déconvenue rencontrées par Alphonse X dans la réalité semble ainsi trouver sa réponse dans la chronique. Mêlant habilement structures et topiques bibliques, antiques et médiévaux, le souverain développe un mythe de création nationale et célèbre un territoire et un passé communs, garants de l’identité hispanique. Le récit des origines se veut donc programmatique, et plus que cela, performatif. Il s’agit d’un projet total, à la fois modèle royal, sociétal et national.

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