18 avril 2018
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Marco Donato, « [Platon] Eryxias, ou sur la richesse : introduction, texte critique, traduction et commentaire », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.kw2kqj
Cette thèse de doctorat consiste en une nouvelle édition critique avec introduction, traduction en italien et commentaire de l’« Éryxias » pseudo-platonicien, un dialogue socratique ayant été transmis parmi les œuvres de Platon mais qui était déjà connu par les anciens pour être inauthentique et faussement attribué au grand philosophe (voir par exemple Diogène Laërce 3, 62). L’édition critique la plus récente du texte, publiée dans la « Collection des Universités de France » par les soins de Joseph Souilhé en 1930, est fondée sur une reconstruction de la tradition manuscrite qui a été remise en question par les études de L.A. Post (1934). En outre, malgré le récent retour d’intérêt pour les dialogues « apocryphes » du corpus platonicien, l’« Éryxias » reste méconnu et peu étudié : après les deux dissertations allemandes d’O. Schrohl (Göttingen 1901) et G. Gartmann (Bonn 1949), il n’y a pas eu de travaux dédiés spécifiquement au dialogue, exception faite de la décevante traduction annotée par R. Laurenti (Bari 1969). L’hypothèse avancée au cours de ce travail voit en l’« Éryxias » un produit composé à l’école fondée par Platon, l’Académie, après la mort du fondateur et plus précisément pendant la première moitié du troisième siècle avant Jésus-Christ : cela ferait du dialogue un témoin de la reconstruction de la pensée et de l’activité littéraire de l’Académie hellénistique. L’introduction est divisée en quatre chapitres. Les deux premiers abordent les problèmes plus strictement philologiques, liés à la transmission du corpus et du dialogue dans l’antiquité et à la chronologie du texte, notamment fixée par les savants sur la base de la présence d’un magistrat – le gymnasiarque – qui n’apparaît pas à Athènes avant la fin du quatrième siècle avant Jésus-Christ. Le troisième chapitre porte sur le contenu philosophique : le sujet de l’« Éryxias » est le rapport entre richesse (ploutos) et vertu (arete). Deux conclusions différentes sont présentées, en s’appuyant sur deux définitions différentes de la richesse : selon la première, ayant trait au concept de valeur, le sage est le plus riche des hommes ; selon la seconde, identifiant la richesse à la possession de biens matériels (chremata), le plus riche des hommes sera le plus méchant. Les deux conclusions sont parfaitement en accord avec un arrière-plan philosophique constitué par les dialogues de Platon et s’insèrent dans une tentative visant à accorder les divers traitements de la richesse dans les écrits authentiques. La recherche menée dans l’« Éryxias » peut bien être contextualisée dans le mouvement général de « renaissance du Socratisme » qui a été individué par les savants durant la première moitié de l’époque hellénistique (voir A. A. Long, Socrates in Hellenistic Philosophy, CQ 38, 1988, 150-171 ; F. Alesse, La Stoa e la tradizione socratica, Napoli 2000). L’Académie, comme le montre la production de dialogues socratiques, occupe un rôle central dans ce mouvement, ayant l’effort de revendiquer l’héritage de Socrate à travers son disciple, Platon. Le quatrième chapitre porte sur l’aspect littéraire : l’« Éryxias » a été reconnu par les savants comme le plus soigné des dialogues inauthentiques en ce qui concerne la cure de l’élément artistique. Après un paragraphe sur la poétique du dialogue dans l’« Éryxias », nous relevons une étude approfondie du proème, qui se montre particulièrement détaillé, ainsi que de Socrate et des autres personnages. À la fin du chapitre, le style et la langue du dialogue sont examinés. À la suite d’une note sur la tradition manuscrite, est donnée une nouvelle édition critique avec apparat du dialogue, suivie d’une traduction en italien. Le commentaire extensif porte sur des questions de détail s’insérant dans le plus grand cadre tracé au cours de l’introduction : son approche est autant philologique-littéraire qu’historique et philosophique. Un appendice de tables et une bibliographie sont ajoutés en qualité d’instruments nécessaires au lecteur.