Celle qui donne tout ?

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Dans cet extrait de L’Esprit du don, reproduit à l’occasion de la publication de ce numéro, Jacques T. Godbout relève une certaine ambivalence des mouvements de libération des femmes. Légitimement soucieuses de ne pas être enfermées et cantonnées dans la sphère domestique, sous la domination au moins économique d’un homme, les femmes aspirent à s’en libérer en accédant toujours plus massivement au travail salarié. Cette subordination économique, dénoncée par le marxisme comme une aliénation, apparaît alors comme une libération. Mais ne risque-t-elle pas de faire perdre une partie du rapport spécifique des femmes au don ? Quelles femmes ne sont-elles pas tiraillées entre ces deux exigences ? Ne faudrait-il pas, du coup, demande Jacques Godbout, reconnaître que d’autres choix sont possibles et valorisants que la seule subordination aux valeurs marchandes et utilitaristes ?

She who Gives All ? In this excerpt from L’Esprit du don, the author highlights the ambivalence of the women’s liberation movement. Legitimately concerned about not being closed up within the domestic sphere under the economic domination of a man, women aspire to an ever-growing access to the workplace. Hence what appears in Marxist analyses as being alienating is here interpreted as a liberation. In so doing, do women not risk losing part of the specificity of their relation to gift ? How can women escape being torn between these opposite requirements ? Should it not be recognized that other choices than the subordination to utilitarian and merchant values are also possible and valuable ?