Souveraineté, sous-développement et le paradoxe nationaliste congolais

Résumé Fr En

La République Démocratique du Congo aurait dû s’effondrer il y a quelque temps déjà sous les multiples assauts de sa propre inaptitude en tant qu’Etat, de son extrême hétérogénéité sociale, de la polarisation de ses populations, et des dislocations imposées par la globalisation et les occupations de forces étrangères. Et pourtant, non seulement le Congo persiste, mais il montre aussi une remarquable propension au nationalisme. Cette persistance, comme institution, comme territoire, et comme idée, contraste avec sa faillite pratique en tant qu’Etat, instrument de gouvernance, et vecteur de développement. Cet article considère l’existence continue du Congo comme paradoxale. Il suggère que la faiblesse institutionnelle de l’Etat congolais et la reconnaissance internationale de sa souveraineté permettent conjointement aux élites politiques de s’approprier des ressources matérielles relativement importantes liées à l’état, ce qui favorise l’adoption de politiques et de discours nationalistes par des politiciens dont les bases sont en fait particularistes ou régionalistes. En conséquence, le Congo se reproduit, tout en restant faible, pour le bénéfice de ses élites politiques et sans réel espoir de développement à long terme.

Sovereignty, under-development, and Congo’s nationalist paradox Wherever one looks, many elements conspire to suggest that the Democratic Republic of Congo should have collapsed some time ago under the multiple assaults of its own inadequacies as a state, the extreme heterogeneity and polarization of its populations, and the dislocations of globalization and foreign occupation. Yet, Congo has gone on defying such expectations and has continued to display a stunning propensity for resilience. Observing that, in many parts of Congo, local grievances against the state and the greed of political elites have been magnified by the circumstances of post-Cold War Africa, this paper takes as paradoxical the continued broadly unchallenged existence of Congo. It suggests that the international recognition of Congo’s state sovereignty provides significant resources to its political elites and biases them towards adopting “nation-building” policies and ideologies, surrendering thereby their particularistic and regionalist claims. As a result, Congo is reproduced as a weak state for the benefit of its political elites and with few prospects for sustainable development.

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