2007
Cairn
Denis Saillard, « Le théâtre de boulevard à la Belle Époque en France et en Italie », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, ID : 10670/1.l3otv4
Les regards sont attirés davantage par les avant-gardes culturelles que par des courants établis et populaires. Pourtant, vers 1900, des comédies de boulevard provoquent elles aussi régulièrement le public en heurtant certaines conventions morales ; l’histoire de leur réception en province et en Italie est ainsi émaillée de fréquents incidents. Au-delà de ces réactions, de nombreux critiques estiment que ces pièces, y compris les plus virulentes de Courteline ou de Georges Feydeau, ne prêtent finalement guère à conséquence. C’est ce que contestent, dès la Belle Époque, d’autres fins connaisseurs du théâtre, tandis que Henri Bergson et d’autres s’interrogent sur la signification du rire. Par ses transgressions, la comédie de boulevard peut servir à la société de révélateur grinçant. Elle remodèle également la culture de la bourgeoisie qu’il est trop habituel de considérer comme immobile. Enfin, elle influence durablement des dramaturges et des cinéastes, étrangers notamment (Pirandello, Ernst Lubitsch, etc.) qui à leur tour, dans les années 1920 et 1930, élaborent des œuvres où la provocation est loin d’être absente.