10 septembre 2019
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Mastrorosa Ida Gilda, « ‘Un chevalier romain sur la mer Noire’ : regards sur l’exil d’Ovide et les fautes d’Auguste au XVIIIe siècle », Loxias-Colloques - Collection d'actes de colloques du CTEL, ID : 10670/1.l3r4ih
Cette contribution analyse l’interprétation de l’exil d’Ovide dans la culture française entre la fin du XVIIe siècle et celle du XVIIIe à partir d’attestations tirées d’œuvres d’intellectuels, d’érudits, d’historiens aux intérêts différents. On voit comment, à l’âge des Lumières, Ovide n’était pas uniquement rappelé et apprécié sur le plan artistique et littéraire comme l’auteur des Métamorphoses mais incarnait l’exemple de l’exilé victime d’Octavien Auguste. À ce propos, une attention particulière est réservée aux réflexions de Voltaire qui, s’appuyant sur des passages des Pontiques et des Tristia, mettait en lumière la triste condition d’Ovide contraint de vivre loin de sa patrie parmi des peuples d’une langue différente mais contre lesquels il n’éprouvait pas d’hostilité. Par ailleurs, Voltaire saisissait, dans son éloignement, la preuve du déclin de la liberté sous le Principat d’Auguste à qui il attribuait la faute de l’avoir éloigné pour cacher sa conduite dépravée. D’autre part, certains passages de son ouvrage montrent que Voltaire jugeait trop soumise la ligne d’Ovide exilé au point de lui reprocher d’avoir exagéré dans ses louanges envers de prince et de soutenir qu’il aurait dû réagir courageusement en rentrant à Rome pour ordonner l’assassinat d’Octavien. Cette lecture différente de celle des érudits et des historiens qui, dans l’ensemble, plus ou moins à la même époque ne virent en Ovide qu’une victime, reflète des positions et des états d’âme propres aux décennies qui précédèrent la Révolution Française.