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Anne Montenach, « Genre, travail et pouvoir dans la Grande Fabrique lyonnaise au XVIIIe siècle », HAL-SHS : histoire, ID : 10.3917/eh.107.0017
La Grande Fabrique de soie domine, au XVIIIe siècle, le secteur textile lyonnais. L’atelier du tisserand, qui dans bien des cas se confond avec l’espace domestique, est un lieu de production mixte, où hommes et femmes travaillent côté à côte. Cet espace est marqué par une hiérarchie des tâches et des rémunérations qui reflètent des normes de genre. L’objectif de cet article, qui s’appuie sur des sources encore largement inexploitées à ce jour, est d’analyser, sous l’angle du genre, les rapports de pouvoir et les inégalités de statuts dans la Grande Fabrique. Deux points d’entrée permettent d’appréhender tant les contraintes qui enserrent les travailleuses auxiliaires de la soie que leurs marges de manœuvre, même limitées : la question des rémunérations, saisies à travers les réclamations de gages et le recours à l’économie souterraine du piquage d’once comme source alternative de revenus ; les enjeux socioéconomiques de l’accès des femmes au tissage et les présupposés de genre que ces débats mobilisent dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Fortement féminisée, la Grande Fabrique offre ici un terrain privilégié pour une étude des logiques de genre et de pouvoir au sein d’une industrie textile de luxe dans la France des Lumières.