La querelle du Devoir de décolonisation autour du père Joseph Michel et de l'aumônerie des étudiants d'outre-mer (1954)

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En 1950, Monseigneur Marcel Lefebvre, alors archevêque de Dakar et délégué apostolique pour l’Afrique noire d’obédience française, nomma le père Joseph Michel, spiritain, comme premier aumônier général des étudiants catholiques d’Outre-mer: c’était un brillant intellectuel qui a mis la main à la pâte africaine, entre 1946 et 1950, comme missionnaire au Congo français. Le 23 février 1954, le père Michel donnait à Paris un cours au titre claironnant: Le devoir de décolonisation. Avec tout le sérieux démonstratif d’une thèse, il en arrive à la conclusion chrétienne très claire: « De tous les principes, il ressort que l’évolution normale et inéluctable de la colonisation la plus légitime dans son origine et la plus honnête dans sa pratique, c’est la décolonisation. » Cette conférence met le feu aux poudres, spécialement auprès de certaines personnalités liant très étroitement patriotisme, colonisation et évangélisation. De puissants intérêts politiques, coloniaux et financiers dénoncent les évêques et les missionnaires sympathisant avec les indépendantistes, accusés d’être des naïfs manipulés, des agents inconscients de l’islam, ou des cryptocommunistes. En réponse à cette volonté de décolonisation affirmée, des personnalités catholiques bien en vue s’essaient à une sérieuse réfutation. La réaction des aumôniers et des responsables des groupes d’étudiants catholiques d’Outre-mer est aussi ferme que rapide: ils protestent et se font entendre jusque devant le cardinal Feltin qui tenait beaucoup à l’unité de l’enseignement des théologiens en matière de morale coloniale. Joseph Michel fut certainement encore plus sensible aux critiques provenant de celui qui l’avait nommé à son poste officiel d’aumônier des étudiants d’Outre-mer, Mgr Marcel Lefebvre, qui demande au père Michel de prendre sous son contrôle les papiers ronéotypés destinés à l’information des étudiants. Certes, les résultats de bien des décolonisations furent très contrastés, mais on ne saurait nier les heureuses retombées, à court et moyen terme, du devoir de décolonisation si fermement plaidé par Joseph Michel.