24 novembre 2021
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Christophe Araujo, « Être historien sous un régime autoritaire : Pouvoir et savoir au Portugal (1926-1974) », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.l6h3mj
Entre deux coups d'État, le premier en 1926 et le second en 1974, la plus longue dictature européenne de la période contemporaine a détenu pendant quarante-huit années le pouvoir sans partage. Le champ d’action du régime autoritaire a été ample, affectant aussi bien le politique, l’économie, la société et la culture. Parmi l’ensemble des groupes sociaux liés à la sphère culturelle, tous sujets à une vigilance étatique aigüe, l'exemple des historiens permet de rendre compte de la façon dont le pouvoir a pris le contrôle du monde du savoir. Alors que la figure de l’historien était en pleine professionnalisation et s’identifiait toujours plus à l’obtention d’une chaire universitaire après cooptation par les pairs, le pouvoir s’est ajouté à la procédure. Utilisant des critères résolument politiques, le régime a altéré le fonctionnement de la communauté historienne. Face à un pouvoir ferme, les historiens ont adopté une pluralité d’attitudes qu’il est possible d’analyser à travers deux postures proportionnellement dominantes : l’accommodement politique et l’opposition au pouvoir. L’étude successive des deux principaux positionnements permet de rendre compte d’écarts importants dans l’accès à un statut professionnel stable et au soutien financier gouvernemental pour entreprendre des recherches. D’un côté, les historiens accommodés ont bénéficié de nombreuses aménités comme un accès privilégié à l’université, à des institutions soutenues par le régime et à des crédits pour accéder à la recherche. De l’autre, le contrôle de la police politique et de la censure a pu compliquer la pratique historienne. Des choix historiographiques distincts ont aussi été opérés par chacun des groupes. Pour autant, la fragile communauté historienne est restée unie par le gout de l’histoire et l’envie de l’écrire