2007
Cairn
Didier Francfort, « La Marseillaise de Serge Gainsbourg », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, ID : 10670/1.l7lo46
La version reggae de La Marseillaise, enregistrée par Serge Gainsbourg en 1979, a été dénoncée comme une profanation. La polémique, lancée par Michel Droit dans Le Figaro, a peut-être faussé l’interprétation de cette chanson en insistant, en partie à tort, sur son caractère provocateur. D’autres adaptations d’hymnes nationaux, de la Marseillaise interprétée par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli à l’hymne britannique revu par les Sex Pistols, n’ont pas été reçues comme des blasphèmes. Gainsbourg est ainsi condamné à être perçu comme provocateur dans tout ce qu’il fait. En retraçant les étapes de la polémique suscitée par Gainsbourg, on peut mettre en évidence la nécessité de penser l’autonomie du champ de la production culturelle. Le scandale naît de la réputation de Gainsbourg. L’intentionnalité du projet provocateur compte moins que la volonté de l’offensé (Michel Droit) à relever le défi et à adopter une posture de victime qui remet en cause l’identité même de celui qu’il veut poser en agresseur. Le caractère provocateur de l’adaptation vient ainsi avant tout du fait que Gainsbourg est Gainsbourg.