12 décembre 2015
Raphaël Martin Diégane Wade, « La Religion comme thème littéraire : la question du jeu dans les mystères d’Adonis, de la Mère, de Glycon (Plutarque-Lucien-Philostrate) », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.l864o7
Cette étude a porté principalement sur deux traités de Plutarque, le De Iside et les Questions romaines, sur La Déesse syrienne de Lucien et son pamphlet Alexandre ou le faux prophète, enfin sur La Vie d’Apollonios de Tyane de Philostrate. Elle questionne le sens philosophique, euristique et rhétorique de l’utilisation des mystères antiques dans ces textes littéraires d’époque impériale. Sont concernés les mystères d’Adonis, de la Déesse-Mère et de Glycon. La première partie, qui se focalise sur les Adonies, tente de démontrer que Philostrate, dans la Vie d’Apollonius, 7.32, non seulement renoue avec les sarcasmes d’Aristophane – et de ses héritiers – sur le culte, mais encore, utilise l’interprétation platonicienne sur les jardins d’Adonis, pour expliquer le sens qu’il donne au règne de Domitien. La lecture platonicienne de ce rituel semble du reste être l’une des raisons du silence de Plutarque sur Adonis dans le De Iside. De fait, la théologie philosophique déployée dans le texte nous paraît incompatible avec les pratiques grecques ou sémitiques en l’honneur de l’Amant d’Aphrodite-Astarté. La deuxième partie ensuite examine l’utilisation de la notion de ‘déesse mère’. D’une part, nous avons tenté de démontrer que la notion permet de prendre en considération d’abord la maternité d’Isis, ensuite la représentation d’Apollonios en Anti-Attis, enfin la déformation caricaturale du portrait d’Alexandre, le faux prophète. D’autre part, la fonction euristique de la notion, qui apparaît dans ces exemples, semble développée aussi dans le contexte mystérique de La Déesse syrienne. Lucien en effet interroge le culte du pays natal par la langue et la culture de son pays d’adoption. Pendant qu’il affirme sa grécité, il (re)devient pleinement ce qu’il n’a jamais cessé d’être : un Assyrien. L’enquête sur le culte de Glycon enfin, dans la troisième partie, propose une autre lecture de l’Alexandre ou le faux prophète. Les mythes et les mystères traditionnels y sont peut-être utilisés dans un but rhétorique. La rhétorique de Lucien semble proposer au lecteur une sorte de mythologie de Glycon-Alexandre. Cette mythologie que nous avons essayé de déterminer, suivant la tradition des mystères (presque toujours associés à une mythologie), contribue à rendre la caricature d’Alexandre plus efficace.