2018
Cairn
Christophe Bernard et al., « Quality in Open Markets: The Sumo Conjecture », Revue économique, ID : 10670/1.l8ubsm
La croissance spectaculaire du volume des exportations chinoises au cours des deux dernières décennies, engendrant une augmentation très forte des parts de marché de ces produits dans le monde, a un impact très significatif sur la structure industrielle des pays développés. Face à cette très forte pression concurrentielle, un certain nombre de secteurs en Europe ou aux États-Unis (textile, jouet, acier, aluminium, cellules photovoltaïques...) ont vu, ou voient, disparaître des pans entiers de leur production. Cette émergence aussi rapide d’un pays en développement comme acteur majeur du commerce international est sans précédent et l’avantage comparatif en coût de la Chine dans beaucoup de secteurs ne suffit pas à l’expliquer. Dans cet article, nous déterminons certaines raisons majeures expliquant ce phénomène constaté. Nous investiguons à partir d’un modèle théorique d’organisation industrielle appliqué au commerce international les effets de l’entrée d’un grand pays émergent sur le marché mondial d’un bien. Les stratégies des entreprises sont la qualité et la quantité du bien et les échanges se font dans un cadre de commerce bilatéral. L’industrie du bien dans chaque pays est assurée par une firme représentative. Nous montrons ici, dans le cadre d’un jeu séquentiel où la firme du grand pays émergent joue en premier en qualité et en quantité, que c’est en choisissant une qualité plus faible qu’elle entre et s’installe sur le marché de l’autre pays. Nous obtenons les conditions sous lesquelles cela peut aboutir à une offre moins diversifiée et de moindre qualité pour les consommateurs. La probabilité de réussite de cette stratégie que nous appelons « sumo » est d’autant plus élevée que le pays émergent est grand et que la différence des dispositions à payer pour la qualité entre les consommateurs des deux pays est faible.