30 juin 2022
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Noémie Trovato, « La tentative de construction d’une contre-réalité des violences sexuelles en France : l’échec discursif du mouvement #MeToo ? », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.l9drm0
Le mouvement #MeToo est présenté depuis cinq ans comme agissant : les discours de #MeToo, notamment les témoignages de violences sexuelles sur Twitter, auraient engendré une « libération de la parole » des femmes et des changements systémiques sur le traitement socio-politico-culturel des violences sexuelles en France, notamment par la construction d’une contre-réalité des violences sexuelles, en contraste avec la culture du viol. En analysant ces discours numériques (témoignages, critiques féministes et discours de presse), par le biais de l’analyse du discours et des Gender & Language Studies, cette recherche propose de remettre ce constat en perspective. La performativité escomptée de ces discours n’est que partielle et réside entre autres dans la qualification des violences sexuelles par les témoignantes elles-mêmes, et la mise en œuvre d’un conflit de définition visant à redéfinir le viol, la victime et le violeur. Mais le discours soi-disant agissant qu’est #MeToo semble entravé par une fragmentation et une spécification de celui-ci, incarnées par le lancement de plus de vingt hashtags différents, mais aussi par l’utilisation de #MeToo comme marque, synonyme de « libération de la parole ». En outre, la construction d’une contre réalité des violences sexuelles en France, visée performative première de #MeToo, apparaît comme un échec discursif, c’est-à-dire un discours présenté par tous comme agissant mais qui n’agit pas.