2018
Cairn
Soline Laplanche-Servigne, « Les tensions de l’affirmative action dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Une analyse de la jurisprudence des tribunaux du travail », Critique internationale, ID : 10670/1.lavc7k
Depuis 1998, le gouvernement sud-africain a mis en place des mesures radicales destinées non seulement à lutter contre les discriminations mais aussi à corriger les inégalités produites par le régime de l’apartheid. L’une de ces principales mesures est la loi d’équité dans l’emploi ( Employment Equity Act, EEA), votée en 1998. On aurait pu penser que cette loi protègerait fortement les bénéficiaires de l’ affirmative action et qu’il serait difficile pour des Blancs, non membres des « groupes désignés » (« designated groups »), d’obtenir gain de cause en plaidant la discrimination raciale injuste. Or il s’avère que dans la majorité des litiges où la discrimination est reconnue injuste par le juge, cette reconnaissance se fait en faveur de plaignants blancs. Sur la base de ce paradoxe, nous examinons la nature des arguments échangés dans les tribunaux du travail et ce qui fonde la distinction établie par le juge entre discrimination raciale juste et injuste. Ces litiges permettent d’appréhender sous un jour nouveau la victime de discrimination post-apartheid, figure dont les contours ne suivent plus forcément une stricte ligne d’opposition entre Noirs et Blancs.