La politique des images : Entretien de Kassia Aleksic avec Nicolas Jaoul à propos de son film Sangharsh, le temps de la lutte

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2022

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Kassia Aleksic et al., « La politique des images : Entretien de Kassia Aleksic avec Nicolas Jaoul à propos de son film Sangharsh, le temps de la lutte », Journal des anthropologues, ID : 10670/1.lb4164


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Cet entretien avec Nicolas Jaoul condense les réflexions qui ont accompagné la réalisation de son film Sangharsh, le temps de la lutte (Sister Productions, 2018) tant sur un plan anthropologique, politique et cinématographique. Tournées au moment d’une enquête de thèse qui a duré 4 années, à la fin des années 90 dans l’Uttar Pradesh, en Inde du Nord, les images replongent les spectateur·trices dans le quotidien militant des « Dalits Panthers » et de leur lutte contre les castes. Du fait de choisir de se passer de toute contextualisation historique, culturelle ou sociologique, le montage a expérimenté de manière radicale le passage de l’écriture académique à une logique d’immersion propre au cinéma, facilitant ainsi l’identification du spectateur à ce combat des marges et de battre en brèche toute forme d’exotisme. Ainsi ce film soulève la question : quels nouveaux horizons de compréhension le cinéma peut-il apporter à l’anthropologie, et plus spécifiquement à une anthropologie politique ? L’entretien souligne les transformations induites par l’usage de la caméra dans l’appréhension du terrain. Initialement concentré sur des figures militantes du mouvement, le regard se déplace graduellement vers des personnages de leur entourage familial qui ont su capter l’attention du filmeur et dès lors imposer leur point de vue moins idéologique mais néanmoins pertinent et critique grâce à leur jeu « d’acteurs ». La caméra peut ainsi être pensée comme un dispositif permettant de mettre en avant des modalités de résistances et d’affirmation des plus subalternes dont la parole est moins légitime socialement, face à l’autorité des porte-paroles d’un mouvement. Cela ouvre ainsi de nouvelles pistes de réflexion, notamment méthodologiques, sur les apports possibles du cinéma à l’anthropologie politique.

This interview with Nicolas Jaoul reflects on the making of his film Sangharsh, Times of Strife (Sister Productions, 2018) from an anthropological, political and cinematographic perspective. Filmed over four years of doctoral fieldwork conducted in the late ’90s in Uttar Pradesh, Northern India, the images introduce the viewers to the daily life of the “Dalits Panthers” and their struggle against castes. By choosing not to give any historical, cultural or sociological context, the editing has radically experimented with the transition from academic writing to an immersive logic specific to cinema. It leads the viewer to identify with this struggle of the margins while counteracting any kind of exoticism. The film raises the question: what new horizons of understanding can cinema bring to anthropology, and more specifically to political anthropology? The interview underlines how the use of the camera evolved in the context of ongoing transformations induced by the fieldwork. Initially focused on leaders of the movement, the gaze gradually moves towards characters from their family circles, who knew how to catch the filmmaker’s attention and to impose their points of view which are relevant and critical despite being less ideological in nature, through their “acted” performances. The camera can thus be thought of as a device to shed light on forms of resistance and affirmation that subalterne individuals develop within a movement, where their voices are less legitimate than the spokespersons’ authority. This opens new paths to reflect on the possible contributions of cinema to political anthropology.

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