2012
Cairn
Jeanne-Marie Roux, « Revenir aux sensations mêmes », Les Études philosophiques, ID : 10670/1.ldpczk
Cet article se propose de préciser la portée exacte de la critique sellarsienne du mythe du donné quant aux rapports entre science et perception, et ce à la lumière d’une confrontation avec la phénoménologie et, plus précisément, avec la manière dont Merleau-Ponty traite de leurs relations. Si Sellars nie bien dans Empirisme et philosophie de l’esprit que la perception puisse jouer aucun rôle fondationnel pour la science, s’il semble dans certains textes penser que la science doit se constituer indépendamment de toute référence à l’expérience perceptuelle, apparaît pourtant dans sa philosophie l’idée d’une référence du langage – et donc du langage scientifique – au perçu, constitué pour lui de sensations. Or cette idée, si elle ne prend dans sa philosophie qu’une place relativement marginale, nous semble pourtant fondamentale pour y assurer le lien de la science au réel, et rendre possible par là même la résolution d’un problème qui constitua l’un des fils rouges de la pensée sellarsienne : l’intégration de la nature qualitative de l’expérience dans la science moderne.