2022
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Lisa El Ghaoui, « Les mondes invisibles d'Elisa Chimenti », HAL-SHS : études de genres, ID : 10670/1.lds8t3
La notion d’invisibilité peut se décliner sous au moins trois aspects dans l’œuvre d’Elisa Chimenti (Naples 1883 - Tanger 1969). Tout d’abord d’un point de vue biographique : elle est, en effet, un parfait exemple de femme écrivaine, engagée, d’une incroyable érudition (à la fois romancière, ethnologue, journaliste et enseignante) ayant œuvré toute sa vie pour le brassage des cultures, l’éducation, la tolérance, et pourtant, ayant fini sa vie dans la misère et l’oubli. D’autre part, la question de l’invisibilité se réfère aux protagonistes de ses nombreux écrits (poésies, nouvelles, romans, contes…) essentiellement des femmes, oubliées de l’Histoire, pour la plupart analphabètes, souvent recluses physiquement ou métaphoriquement. Enfin, c’est tout le patrimoine immatériel de la tradition orale, ses formes (fables, contes, mythes, légendes, chants) et ses protagonistes (chimères, génies, superstitions et sortilèges), fragilisé par l’Histoire, le progrès et l’oubli, qu’Elisa Chimenti tente de sauvegarder en leur accordant une place de premier ordre dans tous ses écrits.