21 mars 1997
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/
Charles Lancha, « De la Autobiografía de Victoria Ocampo a Rayuela de Julio Cortázar : dos percepciones de París », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.lj6kkl
Dans le cadre du mythique voyage en Europe des écrivains argentins, d’Echeverría à aujourd’hui, la France et Paris en particulier ont occupé une place privilégiée. Parmi les nombreux argentins qui se sont prêtés à ce rite initiatique le Paris de Victoria Ocampo dans son Autobiographie et celui de Cortázar dans Rayuela présentent un intérêt particulier en raison de leur originalité. A n’en pas douter, Paris et, à travers Paris, la culture française, ont joué un rôle essentiel dans la vie de Victoria Ocampo. Jusqu’à l’âge de 40 ans, tous ses écrits furent rédigés en français et furent publiés traduits. Au cours de sa vie, elle a effectué dès l’enfance de longs séjours en France. En 1911, elle écrit : « Je vis dévorée par le désir de vivre à nouveau à Paris et pour toujours ». En décembre 1928, elle entreprend un quatrième voyage en Europe et redécouvre les merveilles de Paris. Son séjour est marqué par son aventure avec Pierre Drieu la Rochelle et ses rapports avec plusieurs écrivains français. Ses discussions enflammées avec Drieu sur des questions idéologiques évoquées avec insistance dans son Autobiographie traduisent l’opposition totale entre le libéralisme de l’argentine et le fascisme du français. Ses contacts avec l’intelligentsia française lui inspirent une profonde réflexion sur son identité argentine et latino-américaine. A la lecture de l’Autobiographie on perçoit comment l’auteure se sent partagée entre son attraction pour la France et ses racines. Victoria Ocampo se sentait très unie à Paris, affectivement et intellectuellement. Il en allait de même pour Cortázar mais, à la lecture de Rayuela, on constate que la perception de Paris qui se dégage du roman diffère beaucoup de celle de l’Autobiographie de Victoria Ocampo. L’image proposée est celle d’un artiste sensible à la beauté de Paris, à sa magie mythique. Mais la capitale non seulement offre au roman un cadre prodigieux mais intensifie l’expérience ontologique d’Oliveira, le protagoniste, et magnifie ses amours avec la Maga.