2020
Cairn
Marianne Latournerie et al., « Cirrhose, transplantation hépatique et grossesse », Hépato-Gastro & Oncologie Digestive, ID : 10670/1.lkh26u
Du fait des troubles hormonaux secondaires à la cirrhose, la grossesse est un événement rare chez les femmes cirrhotiques. Quand elle survient, elle est à risque pour la mère et le fœtus, et ce d’autant plus que le score MELD est élevé lors de la conception. Les risques pour la mère concernent la survenue fréquente de complications hépatiques, au premier rang desquelles la rupture de varices œsophagiennes (30 à 50 % des cas selon qu’il préexiste ou non une hypertension portale), mais aussi la survenue plus fréquente de complications liées à la grossesse, en particulier l’anémie, les hémorragies, et les infections du post-partum. Pour le fœtus, il existe un risque plus important de décès in utero, de naissance prématurée, par césarienne, et de petit poids à la naissance. Une grossesse n’est donc envisageable qu’en cas de cirrhose stable, compensée, avec hypertension portale contrôlée de manière optimale, et si la patiente est d’accord pour un suivi très rapproché, en milieu spécialisé. Après transplantation hépatique, la fertilité est rapidement restaurée chez la plupart des femmes. Il est donc indispensable de discuter la mise en route d’une contraception efficace chez toutes les femmes en âge de procréer. Au cours de la grossesse, les complications les plus fréquemment observées chez la mère sont liées aux traitements immunosuppresseurs et concernent le diabète gestationnel, l’HTA et la pré-éclampsie. Les taux d’accouchement prématuré et de naissance par césarienne sont également plus élevés. Le traitement immunosuppresseur doit être adapté avant la grossesse, avec notamment un arrêt pré-conceptionnel du mycophénolate mofétyl et mycophénolate sodique, puis poursuivi et monitoré de façon étroite pendant la grossesse. Il existe un risque plus élevé de rejet, mais dont l’impact pronostique à long terme reste controversé. La grossesse est donc envisageable chez une femme transplantée hépatique au minimum un an (voire deux ans) après la greffe, si la fonction du greffon est stable et optimale avec des doses d’immunosuppresseurs les plus faibles possibles, sans épisode de rejet dans l’année précédente.