2020
Cairn
Arnaud Montoux, « Suger et Saint-Denis : la beauté de la maison de Dieu comme boussole », Transversalités, ID : 10670/1.lmjjer
La naissance de l’art gothique a été si habituellement attachée à la reconstruction de Saint-Denis et à l’abbé Suger qu’il est aujourd’hui nécessaire d’élargir notre regard sur le contexte de cette irruption. Le xiie siècle, souvent vu comme un temps de renaissance et d’innovation, est l’héritier de traditions esthétiques, théologiques et spirituelles sans lesquelles un édifice comme Saint-Denis serait impensable. Suger, moine, conseiller des rois, réformateur et bâtisseur, a enraciné son action multiforme dans une contemplation anagogique découverte dans les œuvres du Pseudo-Denys. Alors que ce corpus théologique était abondamment commenté et exploité par son contemporain et voisin, Hugues de Saint-Victor, pionnier de la grande ébullition intellectuelle des écoles, il était parvenu à Suger par le canal monastique, et s’était traduit dans un langage de pierre, de verre et d’or.