Des territoires et des jeux d’acteurs à l’ombre des éco-quartiers

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25 novembre 2022

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Florence Rudolf et al., « Des territoires et des jeux d’acteurs à l’ombre des éco-quartiers », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.lmposd


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Résumé Fr

Notre communication interroge la mise en récit de la durabilité urbaine par la promotion des écoquartiers notamment. La réflexion s’organise autour d’une recherche action qualitative conduite par le projet Clim’Ability (2016-2019) suivi du projet Clim’Ability Design (2019-2023) (www.clim-ability.eu) dans le cadre d’un INTERREG à l’échelle du Rhin supérieur en association avec le PNR des Vosges du Nord, les services d’urbanisme de la ville de Strasbourg et de l’Eurométropole. L’investigation s’est concentrée entre 2017 et 2018, à l’occasion de la révision de sa charte du PNR, dans un premier temps, puis dans un second temps autour de la promotion de l’îlot bois, édifice de grande hauteur construit dans le quartier portuaire de la ville de Strasbourg. La recherche de type socio-économique s’est attachée à rencontrer les acteurs de lafilière forêt-bois ainsi que ceux de la construction et de la programmation urbaine afin de repérer les enjeux de la structuration de la filière forêt bois selon une logique d’économie circulaire en situation de changement climatique, c’est-à-dire en situation de contraintes fortes sur les écosystèmes forêt et sur les ressources et de forte incertitude. L’enjeu étant de comprendre et d’identifier les leviers d’action métropolitains en termes de marché afin d’éviter la fuite de la ressource sans plus-value pour les territoires.Il s’agissait, en d’autres termes, d’étudier les potentiels d’une transition climatique et écologique pour la filière forêt-bois en région. La recherche a permis de déconstruire les implicites et raccourcis en matière de construction bois dans les projets urbains, les éco-quartiers, notamment, dans l’optique d’une mise en visibilité des risques associés au recours au bois sans précaution d’usage. Dans une appréhension ordinaire des discours sur la durabilité dans la construction, le bois est paré de toutes les vertus comme moyen de mobiliser des ressources et donc d'incarner une économie circulaire ancrée dans les territoires. Ce raisonnement logique conduit à la promotion du bois dans les projets urbains. Ce leitmotiv ne concerne pas uniquement les collectivités locales et autres aménageurs mais également les territoires ruraux et forestiers, potentiels espaces d’approvisionnement. De leur point de vue la valorisation du bois peut alors être pensée comme un levier de développement territorial et de positionnement à l’égard des métropoles. Cette volonté convergente sur le papier ne l’est pas nécessairement dans les actes. Ainsi territoires approvisionneurs et territoires consommateurs n’ont pas toujours les espaces d’interaction et de négociation nécessaires pour garantir la soutenabilité de la filière. L’émergence de nouveaux collectifs, de nouveaux arrangements qui peuvent se concrétiser par des nouvelles chaînes de production ou engagements réciproques apparaîtcomme un passage obligé à un alignement des discours avec la réalité des écosystèmes et des socio-systèmes de la transformation du bois (dont les métiers et les compétences). La structuration d’arènes hybride pour une gouvernance ad hoc s’impose par conséquent comme une des premières précautions à respecter pour la transition climatique et écologique de la filière forêt bois. Elle invite le chercheur à investiguer des scènes où la forêt, milieu accueillant une diversité d’écosystèmes et d’espèces, devient ressource pour comprendre quels sont les principes de durabilité à l’œuvre et si le territoire (lequel ?) permet de renforcer la cohésion et la cohérence d’une filière forêt-bois-construction qui demeure davantage une catégorie d’analyse qu’une réalité opérationnelle. Pour remonter les logiques d’action des projets étudiés à l’échelle du Grand Est afin de mettre en visibilité les disjonctions entre la ressource bois et les acteurs, nous revenons aux cadres de pensées à partir desquels les différents acteurs saisissent le bois (et la forêt). La séparation Nature/Culture propre à la cosmologie naturaliste moderne (Descola, 2015) est tangible dans l’appréhension de tous les acteurs de la chaîne de valeur, mais chacun selon ses propres relations à la matière et à l’espace. Les contraintes subies par la forêt obligent à réenvisager les relations à « l’espace productif » (la forêt), à ses usages (chasse, aménagement et exploitation forestière) et entre acteurs ; ce qui conduit à l’émergence de communautés hybrides. Nous parvenons à cette mise en visibilité en mobilisant les économies des grandeurs (Boltanski, Thévenot, 1991) de manière à rendre compte des angles morts de cette action plurielle.

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