Au principe de l’esthétique environnementale : Du paysage de montagne à l’esthétique de la montagne

Résumé Fr En

L’article entend remonter au principe de l’esthétique de l’environnement naturel à partir de l’exemple de l’esthétique de la montagne. Il repère les conditions théoriques et historiques de son émergence qui eut lieu au xviiie et au début du xixe siècles : naissance de la notion de milieu en un sens physique (Newton), biologique (Lamarck, Darwin), géographique (Humboldt), social (Balzac) émancipé de toute théologie et de tout anthropocentrisme ; conquête des Alpes et publication des récits littéraires et scientifiques qui la décrivent et l’analysent (Saussure, Forbes, Ruskin) ; développement d’une activité sportive (l’alpinisme) et d’une nouvelle image (la photographie). Par « l’esthétique des Alpes » (Simmel), l’homme se pense désormais comme un sujet biologique et non plus métaphysique. Il n’est plus dans une relation de survol avec le monde.

This paper examines the principle of natural environment aesthetics from the standpoint of mountain aesthetics. It identifies the theoretical and historical conditions of its emergence in the 18th and early 19th centuries—i.e. the emergence of a non-theological and non-anthropocentrist notion of environment in physics (Newton), biology (Lamarck, Darwin), geography (Humboldt), and social analysis (Balzac); the conquest of the Alps and the publication of literary and scientific narratives that describe and analyze it (Saussure, Forbes, Ruskin); the development of a new sport (mountaineering, or Alpinism) and a new type of image (photography). “The Aesthetics of the Alps” (Simmel) leads man to think of himself as a biological subject—and not a metaphysical one anymore, distantly overlooking the world.