9 janvier 2014
Patrice Régnier, « Devenir cavalier : une expérience d’apprentissage par corps Essai de socio-anthropo-zoologie des pratiques et techniques équestres », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.lqqp90
« L’équitation est une activité pratiquée par les riches ou les homosexuels ! ». Les stéréotypes entourant les pratiques équestres sont nombreux minimisant la variété même des pratiques et usages existants. Si le saut d’obstacle, le dressage ou le complet sont des disciplines olympiques, les courses en hippodrome, la randonnée, l’endurance, l’équithérapie, etc., mobilisent des dizaines de milliers de personnes en France chaque année.Les études qui se sont jusqu’ici intéressées à la question équestre sont nombreuses, mais s’intéressent bien souvent à la pratique compétitive à côté de laquelle vivoterait un « loisir » sans autre intérêt que de passer du temps, voire en prenant du plaisir, à cheval. Pourtant, s’intéresser à l’histoire équestre invite à la réflexion. En effet, l’équitation, quelle que soit sa forme actuelle, est issue d’une pratique guerrière. D’où la question que pose cette étude : l’équitation ne serait-elle pas, en fait, un art martial qui s’ignore ?Au travers d’une étude socio-historique de l’activité, de l’observation participante dans plusieurs centres équestres, d’équitation traditionnelle mais aussi éthologique, des entretiens avec des cavalières-cavaliers (n = 50) l’étude s’attache à comprendre ce que signifie devenir cavalier au 21e siècle voire se revendiquer comme tel.La recherche menée constate l’ascendance guerrière de l’équitation au plan historique, mais aussi pour certains cavaliers au niveau d’une éthique à défendre, de valeurs à restaurer. « L’apprentissage par corps » adossé à l’observation et aux entretiens avec des professionnels équestres, au sens de leur engagement social dans leur discipline, autorisent largement la comparaison, si ce n’est l’intégration, de l’équitation avec les arts guerriers ou martiaux.