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Catherine Voison, « Les curiosités animales de l’art contemporain », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.lqsghl
L’art contemporain présente d’étranges entités animales qui, ont un point communavec les animalia et les mirabilia des cabinets de curiosités européens des XVIe et XVIIesiècles : leur statut d’objets d’exposition ou de collection destinés à d’éventuels acheteurs.Mais l’abrégé contemporain de ce nouvel univers zoologique reconfiguré par les artistes ne senourrit pas des mythes du passé, il s’inspire ou expérimente des pratiques technobiologiquesréalisées en laboratoire. À ce titre, les chimères vivantes qui sortent des laboratoiresrenversent les systèmes de classification du vivant et brouillent radicalement les frontièresentre les espèces anticipant nos rapports à de nouvelles altérités. Il en va ainsi des chimères delaboratoire incarnées par la lapine fluorescente Alba d’Eduardo Kac, les grenouilles au corpstranslucide de Brandon Ballangée ou des papillons re-naturés de Marta de Menezes. D’autresartistes mettent en scène des animaux de laboratoire victimes des pratiques de clonage ou detransgénèse (Marion Laval et Benoît Mangin, Katy High). Pour sa part, Thomas Grünfelddétourne cette production tératologique en réalisant une série de Misfits incarnés pard’étranges et sympathiques hybrides taxidermisés.Les bio-artistes, fascinés par la fabrique du vivant interviennent in vivo, au coeur même de lacellule animale et des mécanismes qui l’animent. En expérimentant le potentiel technique dela biologie contemporaine, ils en interrogent ses limites. D’autres artistes mettent en spectacleces mirabilia biologico-futuristes pour souligner les dérives d’une société en proie à unnouveau mode de vie dicté par la reprogrammation technique du vivant. Nous montrerons quecette fabrique d’un monde animal sur mesure tend à la fois à accentuer notre relationmortifère à l’animal et à domestiquer les chimères que la science incarne.