L’idée d’une « géopolitique des savoirs scientifiques » ne contredit-elle pas l’universalité de la science ?

Résumé Fr

Cette intervention repose sur l’examen de deux logiques apparemment concurrentes. Il s’agit de savoir si c’est le cas, et jusqu’où c’est le cas. D’une part, la recherche scientifique repose, dans son expression publique, sur des principes tels que la contribution mondiale des chercheur.es à l’avancement des connaissances, marquée par leur libre coopération et leur désintéressement matériel ou en tout cas financier, et ainsi elle se pense en regard de l’universel de la vérité. De l’autre, l’idée d’une géopolitique des savoirs scientifiques en appelle à l’observation de la compétition internationale, et derrière les jeux complexes auxquels se livrent les puissances on trouve les enjeux de la souveraineté nationale. D’un côté une logique idéaliste, de l’autre une logique réaliste, qui apparaissent très difficiles à coordonner. En effet, quand les scientifiques veulent se situer au-delà des enjeux de souveraineté, les tenants du réalisme leur adressent le reproche d’avoir une vision utopique du monde ; et quand les réalistes évoquent le fait que la science constitue une ressource pour l’État, les scientifiques leur objectent qu’ils n’ont pas compris ce qu’est la science. Nous approfondirons la relation entre les deux logiques d’abord à partir d’une analyse de la notion de souveraineté puis d’un examen des manières variées de penser la relation entre les États. Comment se doter d’une conception réaliste de la science aussi bien que d’une définition éclairée de la géopolitique ? Et en tant que chercheur.e, quelle posture adopter ?