5 mars 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Gaëlle Weiss, « De la mission Niger-Lac Iro (1938-1939) à l’université de Strasbourg : La collection Lebaudy-Griaule entre connaissance, goût et pédagogie », Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, ID : 10670/1.lwjcjj
La collection Lebaudy-Griaule de l’université de Strasbourg, principalement composée de masques et d’objets de culte d’origine africaine, fut collectée en 1938-1939 dans le cadre de la mission Niger-Lac Iro, cinquième expédition ethnographique menée en Afrique par l’ethnologue Marcel Griaule, pour le compte de Jean Lebaudy, un industriel du sucre, passionné d’Afrique et mécène de l’expédition. Présentée dans le musée de ce dernier à Cabrerets (Lot), cette collection fut acquise par l’Institut d’ethnologie en 1964, par l’entremise de Dominique Zahan, alors premier titulaire de la chaire d’ethnologie. S’il est vrai que toutes collections, et a fortiori les collections ethnographiques, constituent un « fait social total » dont l’étude éclaire autant sur les cultures d’appartenance des artefacts que sur les acteurs qui ont procédé à leur rassemblement en tant qu’ensemble, alors analyser leur itinéraire revient à s’intéresser à la « trajectoire d’ensemble » des objets les constituant ; il s’agit de prendre mesure des divers regards qui se sont posés sur eux, en vue de comprendre les valeurs nouvelles - « agencies », « intentionnalités » – qui leur furent octroyées par « décontextualisation ». En suivant la trajectoire de la collection Lebaudy-Griaule, de sa constitution en période coloniale jusqu’à son actuelle conservation dans un établissement d’enseignement supérieur et de recherche, cette étude revient sur la « biographie culturelle » des objets la composant : « archives matérielles », témoignages ethnographiques, œuvres d’art, objets d’éducation populaire, outils d’enseignement, etc. En outre, l’examen des projets initiés autour de ces objets à l’université aujourd’hui – expositions temporaires, ateliers récup’art, etc. - à destination d’un large public, permettra de saisir le rôle et les missions qui leur incombent en tant que biens de « patrimoine pluriel » dans une collection publique française.