3 avril 2008
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Sabine Savornin, « Du haiga et de l'écriture picturale », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.lxewfd
Au 17e siècle se précise une pratique artistique japonaise encore peu connue en occident : le haiga. Cette pratique lie intimement poésie et peinture. Peut-elle être dès lors appelée « écriture picturale » ? Nous verrons que si, au Japon et en France, poésie et peinture emploient des signes (sèmia), la conception de la relation qu'entretiennent peinture et poésie diffèrent entre ces deux pays. Ainsi, au Japon, comme en Chine, poésie et peinture sont considérées comme des arts complémentaires, tandis qu'en Europe, depuis la Renaissance et suite à une interprétation erronée de la notion d'ut pictura poesis énoncée par Aristote, poésie et peinture sont considérées comme des arts comparables, la peinture surpassant la poésie. De plus, la manière de composer un tableau diffèrent d'un pays à l'autre. En France la composition picturale repose traditionnellement sur les lois de la perspective tandis qu'au Japon la composition picturale repose sur le tracé. Néanmoins, à la fin du 19e siècle, sous l'influence de l'art japonais, l'aspect bi-dimensionnel de la peinture et l'importance de la ligne ont été redécouverts par les artistes français de la Modernité. L'intérêt de ces derniers pour l'art japonais semble avoir amorcé un retour vers le sens de l'ut pictura poesis telle qu'Aristote aurait pu le concevoir. Les bouleversements majeurs qu'ont connus la poésie et la peinture en Europe à la fin du 19e siècle, suite à l'influence de l'art japonais, conduisent à une reconsidération des rapports qu'entretiennent poésie et peinture et, par conséquent, à celle de la notion d' « écriture picturale ». La singularité du haiga dans ce contexte est manifeste.