14 décembre 2004
Maïté Lascaud, « LA CARTE, LA BOUSSOLE ET L’ITINERAIRE. Légitimités et conflits dans l’implantation et la diffusion de la course d’orientation en France. Fin XIXème siècle - début des années 1970 », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.lycu73
La course d’orientation est, à la fin du XXème siècle, un sport méconnu du grand public malgré des structures institutionnelles nationale et internationale. L’absence de travaux sur l’histoire de ce sport nous a conduit à vouloir en étudier la spécificité. Notre problématique porte ainsi sur les processus d’implantation et de diffusion des pratiques sportives d’orientation en France. Le travail envisage l’hypothèse centrale suivante : la naissance de l’activité sportive course d’orientation en France dans les années 1970 n’est pas le fruit de la transformation des pratiques existantes sur le territoire mais le résultat d’une politique d’exportation nordique, et plus particulièrement suédoise, pour des raisons en partie économiques. Les milieux français, supports des pratiques traditionnelles d’orientation, sont utilisés comme canaux de diffusion. Trois parties structurent le projet. La première montre qu’entre la fin du XIXème siècle et 1939, les activités d’orientation dans les sociétés de topographie, les milieux militaires, scouts et touristiques n’obéissent pas à la définition de sport. Leurs modalités de pratiques sont en effet étroitement liées aux finalités des organisations qui les portent, à leurs valeurs et aux publics auxquels elles s’adressent. La seconde partie met en évidence la naissance de l’orientering dans les pays de la Baltique et le rôle de la Suède dans l’exportation du modèle nordique en direction des autres pays d’Europe. Entre 1939 et 1956, les milieux supports des pratiques d’orientation françaises sont ponctuellement touchés par la propagande suédoise. La plupart des organisations trouvent dans le sport nordique un moyen de renouveler une offre qui s’essouffle, compte tenu des facteurs conjoncturels de l’après-guerre et des difficultés spécifiques à chacune d’entre elles. Les scoutismes, le secteur extra-scolaire et la Fédération Française d’Education Physique utilisent l’orientering en le redéfinissant en fonction de leurs propres finalités. Leur relais ne permet pas de doter la France de structures sportives d’orientation pendant cette période.La troisième partie révèle de quelle façon le prosélytisme suédois touche la France après la mise en place de l’International Orienteering Federation en 1961 aboutissant, malgré une conjoncture défavorable, à la création de la Fédération Française de Course d’Orientation en 1970. L’appui stratégique de l’Armée, l’Ecole et l’Office National des Forêts permet l’institutionnalisation mais le consensus temporaire entre les trois milieux présents dans la structure fédérale cède le pas aux conflits inhérents aux conceptions divergentes de la nouvelle activité sportive.