27 juin 2023
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Gatien Gambin, « "Désenchanter l’habitat spatial : environnements artificiels et mondes sans nature dans Aurora (K. S. Robinson), Shangri-La (M. Bablet) et Nos Temps contraires (G. Toriko)" », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/resf.11870
Le roman Aurora (Kim Stanley Robinson, 2019 [2015 aux États-Unis]), la bande dessinée Shangri-La (Mathieu Bablet, 2016) et le manga Nos temps contraires (Kimi o Shinasenai tame no Monogatari, Gin Toriko, 2020-2022 [2017-2021 au Japon]) constituent un corpus qui utilise l’habitat spatial comme décor. Ces fictions s’inscrivent dans un imaginaire et une iconographie des habitats spatiaux alimentés notamment par l’ouvrage The High Frontier de Gerard K. O’Neill (1977) illustré par Donald E. Davis qui présentèrent l’habitat spatial comme un lieu utopique. À travers une analyse comparée des trois œuvres, nous montrerons qu’elles renversent cet imaginaire. Toutes les trois présentent les habitats spatiaux non plus comme des lieux utopiques ou comme des plans B pour la survie de l’humanité, mais comme des environnements limités dont on souhaite s’échapper. Aurora postule un environnement « astropastoral » (Brad Tabas, 2021) pour questionner la relation de l’humain à son habitat, naturel et artificiel. Shangri-La et Nos temps contraires postulent des mondes sans nature pour accentuer le caractère dystopique de leurs récits. Les trois œuvres participent aussi de l’« esthétique des limites » propre à l’Anthropocène théorisée par Tommasio Guariento. Elle se manifeste en particulier dans le corpus à travers deux motifs : la contemplation de la Terre et le retour sur Terre. Ainsi, à travers le décor de l’habitat spatial, ce corpus questionne avant tout la condition terrestre de l’humanité à l’ère des angoisses écologiques.